Mise à jour le 5 décembre 2004

Alevi yye

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Aperçu
Doctrine et Ethique
Croyance Alevi

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Aperçu

De tout temps, les messages sacrés ont connu de multiples interprétations et engendré autant de rites. D'après l'une de ces interprétations, courante dans le cadre de l'Islam, ces messages sacrés décrivent l'homme dans l'état le plus élevé, c'est-à-dire manifestant en lui les attributs divins sans que la nature humaine ne puisse le souiller. De cette interprétation sont nés deux courants de pensée l'un, l'orthodoxie, considère que la réalisation de cet état ne s'est produite que lors de la transmission du message sacré, au temps des prophètes, et qu'à ce titre elle appartient au passé, à l'histoire, se soucie exclusivement de l’aspect extérieur et formel du rite, pensant que cet aspect puisse mener à la lumière intérieure, le Vrai. Cette recherche de conformité (imitation) amène à la projection d'un contexte passé dans le présent, et fait abstraction de l’état présent, la Réalité, le Vrai Haqq, Allah.

L'autre, l'hétérodoxie, reconnaît cette réalisation historique, mais en recherche également une autre dans le temps présent. Cette voie, qui amène ceux qui la pratiquent à actualiser le message sacré, est celle du soufisme. Chaque ayet du Kur'an, chaque verset de l'Evangile ou de la Thora possède pour le soufi une signification actuelle aussi bien qu'historique. Pour lui, les messages sacrés se renouvellent par l'entremise d'hommes qui s'effacent, à l'image des prophètes, devant l'inspiration de Dieu. Il les considère comme des maîtres car ce n'est que par eux qu'il peut rendre son actualité au message sacré. Ils perpétuent la teneur du message divin.

De tels hommes constituent la source d'un enseignement et leurs successeurs, en transmettant leur pratique, donnent naissance aux confréries (tarikat). Le but majeur de cet enseignement est d'apprendre à ses adeptes à être toujours prêt à reconnaître l'Homme. Car refuser, ou simplement ignorer l'Homme, constitue un acte diabolique contre lequel les confréries s'efforcent de lutter.

Bien évidemment, outre leur portée spirituelle, les messages prophétiques ont souvent exercé une influence politique.

Après la mort du Prophète, la communauté islamique se divisa. Les Sunnites refusèrent la légitimité de succession de la Famille du Prophète (Ahl-u Bayt) et se rattachèrent à Muawiyya (Omeyyade) et ses successeurs omeyyades et abbassides. Les Chiites (Alevi) considérèrent chaque descendant d'Ali comme l'Imam de l'Islam, c'est-à-dire comme guide de la communauté. Il y eut ainsi douze Imams (a.s):

Imam Ali (599-661)
Imam Hassan (624-670)
Imam Hussein (625-680)
Imam Zeyn-el Abidin (659-719)
Imam Bakir (677-733)
Imam Djafer Sâdik (699-765)
Imam Moussa Kazim (745-799)
Imam Riza (765 -818)
Imam Taki (811-835)
Imam Naki (829-868)
Imam Hassan el Askeri (846-874)
Imam Mehdi (870-878)

 

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Ces douze Imams n'étaient pas l'objet de l'admiration des seuls Chiites, mais aussi des adeptes d'un autre courant, nommé Alevi issu du chiisme. Les adeptes de ce courant estimaient descendre des soldats d'Ali, ce qui fait que ce courant resta toujours propre à une lignée. Il était très proche des Chiites, à tel point que ses adeptes étaient surnommés Kizil Bach (coiffe rouge), par allusion à la coiffe des soldats d'Ali. Les Kizil Bach étaient en outre des soldats turkmen recrutés par Shâh Ismail, à la tête du premier état qui se proclame officiellement de confession chiite (duodécimain).

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Après la mort du Prophète de l’Islam en 632 après J.C, les musulmans se divisèrent. Les conflits autour de la succession du prophète (à propos du Califat) ont conduit à l'apparition de divers courants de confessions sunnisme, chiisme et alevisme.

Les partisans sunnites soutenaient l’influent Abû Bakr au califat, tandis que les alevi et les chiites nommaient Ali comme le successeur légitime du Prophète. Ali était le cousin, le fils adoptifs et le gendre du Prophète Mohammed. Le clan Ommeyade auquel Abû Bakr appartenait, imposa sa prédominance dans l’Islam. Les alevi (descendants de la famille du Prophète) et les chiites étaient alors pourchassés et tués. La famille du Prophète (Ahl-u Bayt) était poursuivie et ses membres tués un a un brutalement pour affaiblir leur position. L’apogée du meurtre perpétré par les sunnites était le massacre de Kerbela (Irak), l’Imam Huseyin (fils d’Ali) y compris sa famille et ses amis mouraient.

Ainsi les sunnites décidaient des parties des documents religieux valables (le Saint Kur'an…), laissés par le Prophète et de leur interprétation.

Le Sunnisme et le Chiisme orthodoxe, oubliant son essence, tentent aujourd'hui de se rapprocher de plus en plus et l’alevisme prenait une voie différente non orthodoxe.

L’alevisme prône un rapprochement à la nature, la tolérance, la modestie et l’amour du prochain dans la confession islamique. Les alevi refusent la "shari'at" orthodoxe (code de loi dans l’Islam orthodoxe), la Sunna orthodoxe (les formes de conduite et les règles formelles de l’Islam orthodoxe) et défendent la liberté de religion, les droits de l’homme, le respect de la femme. En raison de cette conception de vie "libérale", ils étaient victimes de persécutions par les musulmans orthodoxes.

A l’époque de Yavuz Sultan Selim dans l’Empire Ottoman, ils étaient massacrés par dizaine ou centaine de milliers (environ 40 000/400 000) selon les sources. Par une résistance active et pacifiste, les alevi essayaient d’échapper à cette tyrannie (révolte de 1240 de Baba Ilyas ou la révolte de Sheyh Bedrettin au 14ème siècle). Les derniers exemples plus récents dont les massacres dans les années 70 dans le Çorum et le Maras (100 morts) ou à Sivas en juillet 1993 (37 morts brulés vifs) et à Istanbul en mars 1995 (30 morts).

Officiellement les alevi ne sont pas reconnus en Turquie bien qu’ils représentent le tiers de la population turque (20 millions).

Aussi dans l’alevisme, l’enseignement repose sur les « Quatre Portes » et sur le respect de l’Homme : « maitrise tes mains, ta langue et ton désir ». Les communautés alevi sont dirigées par des dede, chefs spirituels reconnus comme seyyid descendant du Prophète par la Sainte Famille Ahl ul Bayt (a.s). Les alevi se réunissent dans les djem (djemiyet, rassemblement - djami), réunion solennelle et spirituelle et où on tente de résoudre ensemble les problèmes de la communauté. Dans l’alevisme, l’Homme est au centre de la Religion (« la religion est l'homme ») et n’est pas au centre du formalisme religieux et de dogmes.

Le Kur'an est notre parole
La Clémence (Rahman) est notre visage
Nos yeux voient le Vrai (Hak - Allah)
Nous ne sommes pas trompés par l'image
Turabi (19èmesiècle)

Doctrine et Ethique

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Les alevi-bektashi proclament la foi en : Allah, Muhammed, Ali. La piété se réfère à des hierarchies célestes, selon plusieurs « nombres » sacrés : « les Trois » (Allah, Muhammed, Ali), « les Cinq » (le Prophète, ‘Ali, Fatima, les Imâms Hasan et Hüseyin), « les Douze » (Ali et les onze autres Imâms), « les Quatorze Innocents » (le Prophète, sa fille Fâtima, et les douze Imâms) et les « Quarante » dont l’Assemblée se tient dans le monde. Le récit de la visite de Muhammed parmi les Quarante au cours de son ascension céleste (miradj) constitue la trame narrative et le moment le plus intense du rituel du djem, rituel alevi qui est en quelque sorte la réplique du banquet céleste (Ascension).

Aux fondements de la doctrine et de l’éthique, l’opposition entre le manifeste (zâhir) et le caché (bâtin) est exprimée dans la métaphore de la coque et de l’amande. Cette dichotomie détermine toutes les dimensions de la vie, depuis l'exégèse des textes coraniques jusqu'au secret dans lequel le culte est célébré. Il s'agit de retirer de l'islam « l'amande de la Connaissance » et de laisser aux bigots « la coque vide de la loi ».

Aussi, la « non-conformité » de l'alevisme par rapport à l'islam sociologique est un de ses traits les plus évidents. Les alevi ne prient pas selon le rite musulman orthodoxe, mais expriment leur dévotion (supplication - niyaz) par des dou'a, des chants et danses religieux ; ils ne fréquentent pas les mosquées, mais se réunissent régulièrement dans des lieux privés pour des cérémonies rituelles (Ayn ü-l Djem Ayn-ul-Jam , « office de l'union » ) . Les cérémonies de djem sont conduites par les dede (chef spirituel reconnu comme seyyid, descendant du Prophète et dont le rôle est de faire appliquer le droit coutumier, de prêcher et de régler la vie de la communauté). De plus les femmes participent à toutes les manifestations religieuses, au même titre que les hommes.

Kelime-i Shahada :

Eshhedü enlâ ilâhe Illâllah, Eshhedü enne Muhammed-ün Rasûlallâh, Eshhedü enne Aliyy-ün Waliyullah, Wasiyi Rasûlallah

Les Trois :
Allah, Muhammed, Ali

Les Cinq :
Hz Muhammed , Hz Fatima, Hz Ali, Hz Hasan, Hz Hüseyin

Les Sept :
Hz Muhammed , Hz Ali, Hz Hatidja, Hz Hasan, Hz Fatima, Hz Hüseyin, Hz Salman Farisi

Salutation au Prophète :
Es-salât-ü w-as-salam-ü aleyke yâ Rasulallah
Es-salât-ü w-as-salam-ü aleyke yâ Habibullah
Es-salât-ü w-as-salam-ü aleyke yâ Kerimullah
Es-salât-ü w-as-salam-ü aleyke yâ Ekremel Ekremin
Es-salât-ü w-as-salam-ü aleyke yâ Shefi Rouz-i Arasat

Tekbir
Es-salât-ü w-as-salam-ü aleyke yâ Rasulullah
Es-salât-ü w-as-salam-ü aleyke yâ Habibullah
Es-salât-ü w-as-salam-ü aleyke yâ Seyyid-el awwalin-e w-al-âhrin
Walâla Djemî-ül Enbiyâ-i w-al mürselin
W-al hamd-ü lillah-i Rabb-il-âlemin

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Sema' (Semah) dans l'Ayn-ül Jam Alevi

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LEs Douze Services (Hizmat) dans l'Ayin-ul Jam Alevi:

Hz Musa (as) et Hz Isa (as) avaient aussi douze nakib (serviteur, fonctionnaire). En dehors de l'Islam dans les autres religions samawi (monothéiste), il n'existe pas de Ahd ou Ikrar (serment) ainsi que l'abandon de soi ( taslimiyat ) (Kur'an ; Ahzap 56, Nisa 65), Hz Isa (as) a été trahi par son nakib et ils l'ont crucifié.

Dans la croyance Islamique Alevi Bektashi, l'abandon de soi est l'IKRAR (/Serment). (Kur'an ;Ali Imran 81). Il n'y a pas de retour sur le serment. « Meurs, ne prête pas serment / Meurs, ne revient pas sur ton serment »

Qui sont les maîtres ( sahib ) des Douze Services ? Les principes ( usul ) et piliers ( arkan ) sont restés dans les« Hanedan-i Ehlibeyt »

Les Maîtres des Douze Services (hidhmat) :

  1. Murshid – Maître : Hz Muhammed, Hz Ali et Hajji Bektash Wali
  2. Rahbar – Guide : Hz Ali
  3. Gözcü : Djebrail ol Musaffa
  4. Delil – çerag : Jabir-ül Ansari, Hadi Ekber
  5. Zakir (ext. zikr) : Bilali Habash, Abdüssamet, Imam Bakir, Imam Jafar
  6. Ferrash  : Selman-i Pak
  7. Ibrik (Sakka) : Gulam Kanber, Hz Hüseyin, Selman-i Pak
  8. Sofra – Lokma – Nakip – Kurban : Mahmud ül Ansari, Hz Ibrahim, Kamber
  9. Semahi – Pervane : Abuzar Gaffari, Hz Fatima
  10. Iznikçi – Meydanci : Huzeymetül Ansari
  11. Peyk– Davetçi :Amri Eyyar, Djebrail ol Musaffa
  12. Beki – Kapici : Hz Hasan, Hz Hüseyin

Hz Ali avait désigné 12 nakib maîtres des Douze Services :

  1. Tarikçi: Hz.Imam Hasan El- Mütchteba.
  2. Yatakçi, Turab Farrash : Hz. Imam Hüseyin-i Desti Shahid-i Kerbala
  3. Berber: Hz. Muhammet Hanefi
  4. Zakir: Hz. Abdussamed
  5. Sofraci: Hz. Abdulwahid
  6. Ibrikçi: Hz. Selman-i Pak
  7. Saki: Hz. Tayyip
  8. Meydanci: Hz. Abdulmiuln.
  9. Gözcü: Hz. Abdülkerim
  10. Pervane: Hz. Abdullah
  11. Çeragci: Hz. Hadi-i Akbar.
  12. Bevvap (Kapici): Hz. Abdüljalil

Ces Services symbolisent les 12 Imams et correspondent aux devoirs de chacun dans le lieu de communion. Il peut être exprimer de cette manière : « Servir le Peuple ( Khalk ), c'est servir Hakk  ». Servir le Peuple, c'est l'action de niyaz.

Le Serment d'allégeance (bay'at, bi'at) à Hz Muhammed :

  1. 1er Serment d'allégeance d'AKABA  : Miladi 621 ; à Akaba, 7 femmes et 5 hommes prêtent serment à Hz Muhammed (a.s) de se sacrifier sur la voie d'Allah et du Prophète. La maîtrise des mains, de la langue et des lombes (‘adab) énoncé par Hajji Bektash Wali souligne le verset 12 de la sourate Müntahine révélé avec ce serment.
  2. 2ème Serment d'allégeance d'AKABA  : Miladi 622 ; 48 personnes prêtent serment devant Hz Rasul (a.s), se mettant à genoux et se donnant la main. Ainsi la main qui se donne à Akaba (serment à la formation de l'Islam) porte le nom de Ahd. Les Alevi Bektashi n'ont jamais rompu depuis ce jour ce serment. «  EL ELE EL HAKKA, Mains dans la main, et main à Hakk » (Serment au rehber, pir, mürshid, témoin d'allégeance à Allah et Hz Muhammed) A ce serment 48 ont participé dont 12 ont été choisis comme nakib pour servir ( hizmet ). Ils ont servi le Peuple.
    Fetih, 10  : Ceux qui te prêtent serment d'allégeance ne font que prêter serment à Allah: la main d'Allah est au-dessus de leurs mains. Quiconque viole le serment, ne le viole qu'à son propre détriment; et quiconque remplit son engagement envers Allah, Il lui apportera bientôt une énorme récompense.Ainsi dans le verset, la main donnée au Prophète par Allah est donnée à Allah. Le talib se présentant devant le symbole du post du Prophète donne la main au mürshid pour Allah. La main donné au Prophète est la main donné à Allah selon le Kur'an.
  3. Serment de Hudeybiya (Shajaratü'r-Ridwân ou arbre de Ridwan)  dit aussi Serment de Consentement : Miladi 658, serment d'allégeance (bay'at) sous l'arbre de Ridwan. 1524/1604 personnes ont prêté serment. Le deuxième serment a été fait à la main, dans une autre approche, il s'agit des Pençe al-i Aba (Khamsa al-i Aba , les 5 c'est-à-dire Hz Muhammed, Hz Ali, Hz Fatima, Hz Hüseyin, Hz Hasan). Lors de ce serment, une branche de l'arbre de Ridwân, a été coupé et en se donnant la main et en tenant la branche ils prêtèrent serment (ikrar).

Ainsi chez les Alevi et Bektashi ledit « Tarik Ziyaret, Erkan, Zulfikar » et dissimulé comme secret (sirr), utilisant l'arbre sacré en prêtant serment, repose sur cette croyance principale.

Fetih, 18  : Allah a très certainement agréé les croyants quand ils t'ont prêté le serment d'allégeance sous l'arbre. Il a su ce qu'il y avait dans leurs coeurs, et a fait descendre sur eux la quiétude, et Il les a récompensés par une victoire proche.

Ce verset a été descendu avec ce serment. Il se nomme aussi « razilik » (consentement, agrément) ou « Shajar » (arbre). (au commencement du djem on prend le consentement -razi, riza). Ainsi dans les djem les Douze Services ont pour sources ces serments (bay'at).

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L'assemblée des Quarantes

C'est au temps de Hz.Muhammed que l'Assemblée des Quarantes (sages) (Kirklar Medjlisi) a été constituée. Ces Quarantes sont parvenus au stade d' Insan-i Kamil (« Hommes Parfaits ») unis également et reliés les uns aux autres par le coeur. L'Assemblée comprend 17 femmes et 23 hommes. Ce sont les premiers à entendre la Révélation descendue à Hz.Muhammed et à l'appliquer.

Les membres des Quarantes sont : 1) Hz. Khatidjatül Kübra, 2) Hz Muhammed Mustafa 3) Hz.Imam Ali, 4) Hz.Fatima-i Zehra , 5) Hz. Imam Hasan Müshteva, 6) Hz Imam Hüseyin Chehid-i Kerbela, 7) Selman-i Farsi, 8) Veys'al Qarani, 9) Houzeyfetül Yamani, 10) Ebuzeri Gaffari, 11) Ammar bin Yaser, 12) Ummü selame, 13) Ummü Hani, 14) Ummü Mektum, 15) Usama, 16) Salih, 17) Bilal Habeshi, 18) Zeyd bin Haris, 19) Zeynep, 20) Ibni Abbas, 21) Akil, 22) Djaferi Tayyar, 23) Fazl bin Djebel Kamber, 24) Kümeyl bin Ziyad, 25) Malik bin Harisül Eshter, 26) Meysemi Temmar, 27) Reshidi Nadjer, 28) Hadjr bin Adiy, 29) Amr bin Hümeya, 30) Muhammet bin Ebubekir, 31) Sait bin Djübeyr, 32) Djabir, 33) Soubeyhi Roumi, 34) Dhyetil Kelbi, 35) Ummü Eymen, 36) Ebu Dedjene, 37) Ange Djebrail, 38) Ange Israfil, 39) Ange Azrail, 40) Ange Mikail, aleyhisselamlar

Les 17 Kemerbest Hanedani sont membres des Quarantes. Ce sont 17 des compagnons (Sahaba) du Prophète liés par l'âme et le coeur à la Famille Sainte du Prophète (EhliBeyt) :

1. Selman-i Farisi
2. Ammar ibn Yasir, tué par Muawiya
3. Malik Eshter ibn Haris, empoisonné par Muawiya
4. Muhammed ibn Abubakr, torturé par Muawiya
5. Veysel Karani, tué par Muawiya
6. Abuzer Gaffari,
7. Harim bin Haris, tué par Muawiya
8. Abdullah ibn Yadilhazai, tué par Muawiya
9. Abdullah ibn Adial Haris, tué par Muawiya
10. Abu el Hisham, tué par Muawiya
11. Haris Sheybani, tué par Muawiya
12. Hashim ibn Utba, tué par Muawiya
13. Muhammed ibn Ebu Hazika, tué par Abd.Nahaija
14. Kanber, tué par Zalim Hajjaj
15. Mürtefi ibn Vezea, tué par Muawiya
16. Abu Said ibn Kays, tué par Muawiya
17. Abdullah ibn Abbas tué par Muawiya

Les membres des Quarantes (Ashab-i Souffa) sont les moudjtahid soufis, se donnant la main et attachant la ceinture (kemer).

Les Quarantes tient ses bases dans ce hadith de notre maitre et roi Hz Imam Ali (as) rapporté par imam Ahmad ibn Hanbal dans son Musnad (1:112):

Le peuple de Syrie était désigné quand on s'adresait à Ali ibn Abi Talip alors qu'il était en Irak et on lui dit : Maudit les, O commandant des Croyants. Il répondit : Non, j'entendais le Messager de Dieu dire: "Les Soumis (al-abdal) sont en Syrie et ils sont quarante hommes. Quand un des leurs meurt, un autre le succède. C'est par eux que Allah fait tomber la pluie, qu'Il donne la victoire des Muslims contre leurs ennemis et qu'Il préserve le peuple de Syrie de châtiments.

Al-Hakim évoque un hadith reconnu comme sahih (authentique) appuyant celui-la et al-Dhahabi le confirme:

Ali disait : Ne maudit pas le peuple de Syrie car parmi eux il y a les Soumis (al-abdal) mais afflige toi de leur injustice..

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Kirklar Djemi

Muhammed Mustafa pendant son Ascension (al-Miradj), vit un lion se trouvant en travers son chemin. Le lion était couché, et lui barrait la route. Puis il entendit une voix : « Donne ton sceau au lion… »

Il retira son sceau et l'approcha de la gueule du lion. Ainsi ils se lièrent et le lion s'attendrit… Le Prophète atteint alors le lotus de la Limite, au Septième Ciel (Sidrat ul-Muntaha). Il se joingnit d'Ami à Ami et fut révélé de quatre vingt dix mille secrets (sir) sans mots. Trente milles appartenaient à la shari'at, trente milles à la tarikat, trente milles à la hakikat. [Trente mille appartenaient à la shari'at et étaient descendus aux hommes, les soixante mille autres était dissimulés auprès d'Ali].

En revenant du Mi'radj, le Noble Envoyé, se trouva devant la porte des Ashab-i Souffa. Et les Quarante conversaient lors d'un banquet. Hazret-i Rasul frappa à la porte (dakk-i bab).

« Qui es-tu ? » dirent-ils. « Que veux-tu ? »

Hazret-i Rasul leur dit : « Je suis le Prophète, ouvrez-moi la porte, que je puisse entrer parmi vous, sages, et voir vos beaux visages.

Ils dirent alors : « Le Prophète ne peut se tenir parmi nous. Annonce ta prophétie et révèle la à ta communauté. »

Le Prophète en entendant cela s'en retourna. Puis une voix vint de Hakk Ta'âla : « O Muhammed, présente toi à la porte… »

En entendant cette voix, il se présenta et frappa aussitôt à la porte.

Ils ouvrirent la porte et dirent : « Toi, qui es-tu ? »

Hazret-i Rasul annonça : « Je suis l'Envoyé… ouvrez-moi la porte, que je puisse entrer et voir vos visages bénis. »

Et on lui répondit : « L'Envoyé ne peut se tenir parmi nous et il ne nous est guère utile. » On lui ferma la porte au nez aussitôt.

Rasul Aleyhisselam, entendant ces paroles, s'en retourna et la tentation d'abandon lui vint. En revenant dans sa station, il redevint calme. Puis en s'éloignant, la même voix de Dieu lui parvint à l'oreille : « O mon Bien-Aimé , représente toi à la porte et sois parmi cette assemblée (medjlis).

Seyyid se représenta et frappa aussitôt à la porte.

Ils ouvrirent la porte et dirent : « Qui es-tu ? »

Hz Rasul annonça : « Sirril kayyum, hadimül fikarayimé. - Je suis le serviteur des pauvres, gardien des secrets. [Je suis un indigent né du néant]

« Ene biatihim, ene miskinim, ena fikarayim.- Je suis un indigent, je suis des vôtres, et je m'éveille à vous »

 Les Quarante lui annoncèrent alors : «  Merhaba, ahlan wa sahlan – Bienvenue, tu as apporté la bénédiction, ta venue est bénie. » Et on le permit d'entrer.

Hazret-i Rasul : « Iftehlenâ hayrel bab – la porte sacré, les portes de la félicité se sont ouvertes.» Il franchit alors le pas de la porte, BismillahirRahmânirRahim! Il posa d'abord le pied droit, puis regarda dans la salle et aperçut assis 39 Sahaba (compagnons). Celui qui manquait était parti chercher la subsistance, en Province, en Perse. Il s'agissait de Salman Farisi. Hz Shah-i Merdan Ali était aussi parmi eux. En voyant Hazret-i Rasul, ils s'arrêtèrent et se levèrent. On le disposa alors à sa place et il s'assit au près de Hz Aliyyul Murtaza. Mais il ne savait pas que c'était Ali. Il remarqua 22 hommes et 17 femmes. La Mère Fatma était aussi parmi eux. Hazret-i Rasul demanda : « Qui êtes-vous, comment vous appelle-t-on ? »

Ils dirent : « Nous sommes les Quarante »

Muhammed Mustafa ajouta : « Je suis dans la difficulté. Qui sont le plus petit et le plus auguste  d'entre vous? ».

« Le plus petit est le plus auguste d'entre nous, et le plus auguste est le plus petit d'entre nous. Les Quarante sont Un et les Uns sont Quarante. Ce qu'est chacun de nous, tous les autres le sont aussi » lui répondirent les Quarante.

Hazret-i Muhammed Mustafa demanda : « Mais il en manque un. Où est-il ? »

Les Quarantes : « Il est parti chercher la subsistance en Perse. Il s'agit de Salman. Pourquoi poses-tu cette question ? Salman est la parmi nous, sache le présent »

Hazret-i Rasul leur réclama une preuve. Shah-i Merdan Ali tendit son bras béni, et en disant «  destur  » (permission) on lui entailla profondément l'avant bras. Le sang coula, et les Quarante se mirent à saigner au même endroit et en même temps. Et on vit une goutte de sang provenant de la fenêtre tombée dans le meydan (lieu de communion) ; ce fut le sang de Salman Farisi.

On banda le bras de Hazret-i Aliyyul Murtaza, et tous arrêtèrent de saigner. Puis on vit Salman Farisi arriver. Il avait ramené un raisin et la posa devant Seyyid. Ils lui déclarèrent  :

« O Serviteur des pauvres (hadimül fukara), accomplis ce service, partage cet unique raisin aux Quarante. »

Seyyid leur demanda alors: « Ils sont Quarante, comment pourrais-je partager cet unique raisin à tous? »

Aussitôt Allah Ta'âla prescrivit à l'ange Djebrail Aleyhisselam : « Mon Bien-Aimé est resté dans la difficulté. Parviens à lui immédiatement, prends une coupe d'une lumière du paradis. Mon Bien-Aimé, porte la à Muhammed. Qu'il écrase ce raisin dans la coupe, qu'il en boive le nectar et le distribue au Quarante.

Djebrail Aleyhisselam, prit une coupe d'une lumière du Paradis et se manifesta à Hazret-i Rasul Aleyhisselam. La coupe se posa devant lui :

« Bois le nectar » lui dit l'ange. Les Quarante virent la coupe apparaître par une lumière et se poser devant lui. »

Comme le jour, il apporta la lueur. Seyyid (maître/Hazret-i Muhammed Musfata) versa de l'eau dans la coupe et distribua le nectar. Elle était posée devant les Quarante. Hakk Ta'âla avait une sentence de lui. La puissance devait être apparente.

Les Quarante burent le nectar, s'enivrèrent, et en se levant, d'une voix invoquèrent « Al-lah Al-lah » et se lièrent d'âme à âme. Ils dansèrent le sema' , "nus et cuits". Pendant le sema' (perception divine), un long tissu enveloppée sur la tête bénie de Seyyid se détacha et tomba à terre. Les Quarante le ramassèrent, le coupèrent en quarante morceaux et le nouèrent autour de leur taille comme ceinture.

Après cette communion, les proches de Hazret-i Rasul se réunirent et l'interrogèrent sur le Mi'radj : «  Ya Rasulullah, pour l'amour de Dieu, Hakk Subhanahu wa Ta'âla a Déclaré à vous les saints ; déclare-le nous, afin qu'on le perçoive (sema'). »

A ce moment, Shah-i Merdan Ali vint à leur coté. Le Prophète vit alors le sceau à son doigt, qu'il avait donné au lion entravant son chemin lors du Mi'radj. Il découvrit la vérité. Il dit à ses compagnons (ashab) : « Venez, soyez talib (disciple) de la vérité (hakikat), afin de percevoir les secrets de Hakk. » Et ils répondirent :

« Déclare nous la vérité, qu'on puisse la percevoir »

Voici la Vérité que tu te dépouilles toi-même et librement de ton essence.

Les Sahaba : « Nous sommes venus prêter allégeance et apporter la Volonté ( iradat ) »

Ils devinrent alors talib après serment (ikrar). Hazret-i Rasul rapporta :

« O Compagnons, la vérité est dans la main d'Ali. Soyez et apportez la volonté de Hazret-i Ali »

Tous les compagnons étaient présents, prêtèrent serment d'allégeance à Hazret-i Ali et apportèrent leur Volonté en devenant talib .

Hazret-i Rasul rapporta que deux hommes sont devenus musahib (frère dans l'Au-delà). Le Prophète Aleyhisselam est devenu musahib et frère avec Ali et ont révélé le sens de l'Unicité. Le Prophète Aleyhisselam ouvrit sa ceinture et pressa Ali contre sa poitrine. Ils sont rentrés tous deux dans la même chemise. Le corps ne fit qu'Un. Le Prophète dit alors ces paroles :

«  Lahmika lahmi, demmika demmi, ruhika ruhi, djismika djismi – La chair d'Ali est ma chair, son sang mon sang, mon âme son âme, mon corps son corps. »

De Hz Adam à Khatam-ül Enbiya (le Sceau des Prophètes), la voie de l'erkân (piliers) ne fût pas. Muhammed Mustafa et Aliyyul Murtaza sont venus avec la miséricorde, la religion en est devenue Apparente (zahir). Ainsi ils ont posé l'erkân. La Shari'at devint apparente ; la Tarikat (voie) et la Hakikat (vérité) dissimulées. La Shari'at était à Muhammed. Et l'honneur de la Tarikat et de la Hakikat revint à Ali.

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La proternation, niyaz dans l'alevisme

Les rituels alevi, namaz, niyaz et dou’a, sont adaptés selon le soleil. Il y a trois parties de « cérémonies » de dou’a : à l’aube et au crépuscule, ainsi que la séparation du midi. Après ces dou’a commence le repas, le travail, ou le repos. Au milieu de la nuit, il y a une autre prière individuelle de dou’a.

Dans la conception alevi il n’existe pas comme la conception sunnite 5 parties de namaz formel et les chiites orthodoxes de 3 parties de namaz formel. Dans la conception alevi, les prières, invocations d’Allah et les dou’a (salat) sont beaucoup plus « individuelles », propre à la personne même en relation avec Dieu.

Aucune notion de formes de namaz et de temps n’est précisée dans le Kur’an i Kerim comme dans les trois autres livres saints, hormis le rituel du sema' (ar. perception divine, ciel). Exode 20:1-17, Psaumes de David 1, Revelation 14:5,7, et dans le Kur'an : Suratul Fatihah, Suratul Ikhlas, and Suratul Kaafiruun.

Dans les djem alevi (en communauté), les rituels « corporels » sont : l’état de rûkû, l’abaissement au niveau de soudjoud, le front posé au sol, et l’inclinaison de la nuque. Le sens de cette prière (ibadat) : « Prière au Peuple (Khalk) ».

Le mot niyâz vient du persan et signifie imploration, supplication et invocation et parallèlement la prosternation (sedjda) pendant le namaz. Dieu a enveloppé l’homme à sa création de sa propre Lumière. C’est pour cette raison, que Dieu est sa manifestation (tedjelli). La Qibla (Direction) est l’Homme (Insan). Invoquer (niyâz) l’Homme, c’est invoquer (niyâz) Dieu.

Le niyâz (prosternation) ne s’accomplit pas à la terre, mais à l’Homme (Adam).
Dans le verset 32 de la sourate Hadj, dans son sens intérieur, le niyâz, honorer les signes vénérés d’Allah est la dévotion de l’amour d’Allah et des Imams.

80 versets font référence la prosternation (niyâz) dont certains d’entre eux :

Bakara - 34. Et lorsque Nous demandâmes aux Anges (et les djinn) de se prosterner devant Adam, ils se prosternèrent à l'exception d'Iblis qui refusa, s'enfla d'orgueil et fut parmi les infidèles (kâfir).

Hijr - 28-30. Et lorsque ton Seigneur dit aux Anges: ‹Je vais créer un homme d'argile crissante, extraite d'une boue malléable, et dès que Je l'aurais harmonieusement formé et lui aurait insufflé Mon souffle de vie (rûh), mettez-vous alors immédiatement en prosternation devant lui›. Alors, les Anges se prosternèrent tous ensemble,

Sad - 71-73. Quand ton Seigneur dit aux Anges: ‹Je vais créer d'argile un être humain. Quand Je l'aurai bien formé et lui aurai insufflé de Mon Esprit, jetez-vous en prosternation devant lui›. Alors tous les Anges se prosternèrent.

Sedjda - 15. Seuls croient en Nos versets ceux qui, lorsqu'on les leur rappelle, tombent prosternés et, par des louanges à leur Seigneur, célèbrent Sa gloire et ne s'enflent pas d'orgueil

La prosternation ne se fait pas parce que Allah a créé l’homme de terre par sa forme mais parce que Allah a insufflé à l’Homme l’âme de Son propre Souffle. Ainsi ce n’est pas le corps de l’Homme qui est immortel mais son Ame, essence de Dieu.

Le cadavre de l’homme vient de la terre, et retourne à la terre. Et ainsi « Chaque chose retourne à son essence. Le Rûh (âme) émanant d’Allah, retourne à Allah. »
« Celui qui se connaît soi-même connaît son Seigneur » (hadith)

Tous les animaux ont été créés tels qu’ils soient en prosternation à l’homme. Seulement l’homme a sa tête droite. Ce qui signifie que la prosternation des hommes unis ensemble se fait en fait à Allah. La prosternation symbolise la plus belle prière et apparence de la servitude. Dans la religion du taw’hid il s’agit du pilier de la prière..

Alak ; 19 : Prosterne-toi et approche...

La prosternation à une existence supérieure est l’expression de l’inclinaison de la nuque. Il y a quatre types de prosternations (sadjda -niyâz) :

1- Sadjda-i Hamd : Prière rencontrant l’essence d’Allah. (sens intérieur du verset 15 de la sourate Sedjde)

2- Sadjda-i Tahrim : Il s’agit de la prosternation des Anges à Hz. Adam (as). Selon les versets Bakara 34; Hidjr 28, 29, 30; Sâd 71, 72, 73.

3- Sadjda-i Tâzim : Selon les sens intérieurs des versets 4 et 100 de la sourate Yousouf, prosternation accomplie pour la glorification et la vénération.

4- Sadjda-i Ubûdiyet : il s’agit de la prosternation (sedjde) liée, correspondant au premier et deuxième serment d’allégeance, d’Al Akaba., au serment d’allégeance de Ridwan (gardien du Paradis), à l’allégeance de la prosternation de Hz Muhammed (saw) et le serment d’allégeance à Hz Ali (as) à Ghadir-Khoum (le Prophète invita la communauté dont les compagnons du Prophète à prêter allégeance à Ali et le considérer comme successeur et exécuteur Wasi-i Rasul). Il s’agit la de “serment de prosternation” (ou niyâz de prosternation). C’est la prosternation dont on prête serment d’allégeance au Pîr, à la descendance de Hz Ali’yyel Mourtaza (as), seyyid.

Dans un autre sens, niyâz signifie « l’appel au message, envoyé par les signes ». La Prosternation (niyâz, sadjda) se fait de trois manières :

1- Sadjda Niyâzi :
Pendant les cérémonies de Djem (Ayn-ül Jam), le « serviteur » se met à genoux, pose sa main gauche puis sa main droite au dessus et pose les lèvres trois fois sur l’index. (aux noms de Allah, Muhammed, Ali) et en se remettant sur les genoux, se relève. Les personnes agées ou malades peuvent faire la prosternation, assises ou debout. Pendant les dou’a (gülbank en persan), la condition est la proternation ; le front est posé devant les mains et les lèvres sont posées légèrement sur l’index. Cette prosternation émane de cette tradition : (Tabari)

Allah a créé Hz Adem. Il a envoyé les lumières de Prophétie à Hz Muhammed (saw) et de Sainteté à Hz. Ali (as) émanant du visage de Hz Adem (as). Allah a insufflé de sa lumière (nûr) l’Ame (rûh) à Adam. Adam s’est éveillé en éternuant comme s’il s’était levé d’un sommeil. Puis il entend un son. Il demande alors à son Seigneur. Le Seigneur, « O Adam les lumières de mon Bien-Aimé Muhammed Mustafa et de son Exécuteur (Wasi), mon Ami (Wali) et serviteur dévoué Ali reflet de ton visage se sont rencontrées. Ce son est celui que tu as entendu.

Adam : O Ilahi ! Ces hommes que tu aimes, je les aime aussi. La gloire et la grandeur de Hak et Son honneur, ces lumières montre-les moi » dit-il. Allah, « O Adam, lève ton deuxième doigt (index) de la main droite, et regarde l’ongle » dit-il. Adâm a levé l’index de sa main droite regardant son ongle ; et il vit les lumières de Muhammed et Ali. En regardant avec amour et tendresse il dit “Lâ ilâhe illallah, Muhammed’en Resûlullah, Ali’yyün Walîyullah”. Puis l’ange Djebrail (as) en face de son index fit saluer le doigt. Adam rapprocha alors le doigt à ses lèvres et dit “Hû” (Lui). » C’est pour cette raison que l’on appelle ce doigt, le doigt de témoignage (shahadat).

2- Prendre le niyâz : Où l’âme se trouve, si elle doit être en position de niyâz , elle doit poser ses lèvres sur son ongle en disant « Hû » (Lui - Allah). A la fin de chaque dou’a le Pîr en disant « la Vérité est à Lui (Hû) » les âmes se mettent en niyâz (prosternation).

3- Le niyaz aux personnes Saintes : à Hz Muhammed (s.a.v), Hz Imam Ali (a.s) et les autres Imams (a.s) ainsi que seyyid Pir Hadji Bektash, lorsque leur nom est prononcé, on rend le niyâz et avec la main posée sur le cœur on rend le salawat (bénédictions). De loin, deux âmes qui se saluent « se prosternent » de la même manière. Dans une jamaat, la personne qui entre dans la salle de prière, rend le même niyâz et dit « Hû » (Lui).

Sajjada : tapis ou tissu sur lequel on se prosterne lors de l’ « Ayn-ül Jam ». Dans un sens, il correspond au bâteau de Noé (a.s). Celui qui y « monte » propre et pur, est sauf de tous ses pêchés et du mal. Dans un autre sens, lorsque Hz Mûsa (a.s) en contact avec Dieu, il correspond à la mer de feu étendu sous ses pieds. Les Hommes qui montent dessus propres et purs ne sont pas brulés mais les personnes injustes brûlent à grand feu. Tous les « services » fait sur le sajjada se font pieds nus en l’honneur de Hz Musa (a.s).
Les origines de sajjada se basent, en outre, sur une tradition remontant à Hz. Ibrahim (a.s). La tradition rapporte : (Mirazüt Mekasit, s.271.)

Les anges Djebrail, Mikaîl, Israfil et Azrail se présentèrent en hôte à Hz Ibrahim. « Tant que le sacrifice n’a pas été fait ils ne pourront entrer à l’intérieur » disent-ils. Hz Ibrahim présenta un bélier à Azrâil. Le bélier sacrifié et la peau retirée, Azrâil l’apporta devant Djebrail. Djebrail : « O Azrâil, présente la peau à Israfil, qui lui-même la présentera à Mikâil ; quand le temps sera venu, on se rassemblera. » dit-il. Ce qui se dit se fit. Mikâil apporta la peau devant Djebrail (a.s), la déroule, la pose devant lui et pose sa tête pour se proterner. Mikâil en prenant en main la peau se mit en prosternation (niyâz) devant Hakk Taâla. Un appel lui vint : « O Djebrail! Prend la peau aux quatre coins ; ce que je dis, fais le ! Utilise ton doigt comme kalem et ta bouche comme encre. En tendant la peau du membre derrière droit, dis Azzemtü aleyke yâ Ali! (tu es Grand ô Ali). Puis en tendant le membre derrière gauche, dis Ekremtü aleyke yâ Ali! (Tu détiens l’honneur ô Ali) Ensuite en tendant le membre devant droit, dis Eslemtü aleyke yâ Ali! (Je suis de ta foi ô Ali) Enfin en tendant le pied gauche devant dis En’amtü aleyke yâ Ali! (Je suis de ta Tradition ô Ali) Djebrail fit ce qu’on lui demanda. Un autre ordre lui était venu : “De ton front à ta queue, trace un signe sur la peau.” Djebrail exécuta une nouvelle fois l’ordre. Il était écrit sur une ligne Lâ ilâhe illallah, Muhammed’en Resûlullah, Ali'yyül Walîyullah. La peau avait été présentée par les quatres anges à Ibrahim (as) et dirent “Sur cette peau, t’asseyant avec la Volonté Divine, qu’elle soit en tant que Calife d’Allah la Prophétie, la Sainteté et l’Imamat

Dans l’Ayn-ül Djem Alevi, le serviteur “sajjâdaji” est garant de poser et d’enlever le tapis de prière (sajjada), en l’honneur du devoir de l’ange Djebrail (a.s) lors de l’Assemblée des Quarantes.

La prosternation (sadjda) est posée sur l'adâb (règles de convenance : manière, politesse, pudeur, modestie ...). Quiconque ne respectera pas l'adâb, sa prosternation et son abandon à la voie de Muhammed - Ali (a.s) sera refusé. Qu'il en soit connu ainsi !

Aucune âme ne peux se prosterner par peur ou parce qu'elle est attendue pour un quelconque mobile. La prosternation n'est pas du ressort de la peur, ni de l'attente. Quiconque pose sa tête en proternation est abandonné à Hakk. Que son essence rencontre Hakk, pour qu'il prenne la place de l'erkân (les piliers) . L'intention de la prosternation est l'aspiration d'atteindre Dieu, mais cette aspiration n'est pas celle du moi. Quiconque se prosterne pour son nafs (moi), pour sa convenance, est définitivement un kafir, un mécréant.

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Les Fondements de l'Islam dans l'Alevisme

Les fondements de l'Islam (usul-i din) sont au nombre de Cinq :

    1. Unicité (Tawhid) : Croyance en l'existence, l'unicité, la non-direction, l'infinité de Dieu
    2. Justice (Adalat) : Dieu est juste et équitable. Il est le protecteur, le gouverneur, l'exécuteur des lois divines. Le bien et le mal n'émanent pas d'Allah. (Anam, ayet 59). Allah a créé l'Homme, Adam (as) de son propre Ruh (Esprit) et l'a envoyé comme calife d'Allah sur terre.
      Les femmes (An Nisa) - 79. Tout bien qui t'atteint vient d'Allah, et tout mal qui t'atteint vient de toi-même ( nafs ). Et Nous t'avons envoyé aux gens comme Messager. Et Allah suffit comme témoin.41. Les versets détaillés (Fussilat) – 46. Quiconque fait une bonne oeuvre, il le fait en sa faveur. Et quiconque fait le mal, il le fait à ses dépens. Ton Seigneur, cependant, n'est point injuste envers les serviteurs
    3. Prophétie (Nübüwwat) : Les lois divines ont été transmises aux Prophètes. Les prescriptions qui ont été transmises aux Prophètes sont celles d'Allah.
    4. Imamat (Imamat), Sainteté (Walayat) : Après les Prophètes, les Imams font perdurer le Message, les lois divines des Prophètes, les appliquant, les contrôlant, les protégeant de la corruption (surtout pour les Prophètes qui n'avaient pas de livres). La croyance repose sur celle des 12 Imams. Les ocakzade , l'ordre des seyyid font perdurer cette voie.
    5. Résurrection (Ma'ad) : Croyance au Jugement Dernier et à l'Au-dela (Akhirat)

    Justice=Loi ; Unicité=Allah ; Prophétie=Hz. Muhammed ; Sainteté et Imamat = Hz. Ali ; Au-dela=Domaine d'application des lois, c'est-à-dire au-dela de la mort.

    Trois fondements de degrés et d'existence : Allah nous invite à suivre cette "trinité" Allah, Muhammed, Ali..

    55. La Table servie (5.Al-Maida) : Vos Amis sont Allah, Son Envoyé et Ceux qui distribuent le zekât en prosternation lors de l'Invocation..

    Ainsi, invoquer les trois Noms (Isim) d'une voix, l'Unicité, la Prophétie et la Sainteté (Tawhid, Nübüwwat, Walayat) est le fondement de la croyance.

    Zat= Source ; Prophétie=Commandement ; Sainteté=Application. C'est en cette perspective que la Trinité « Allah, Muhammed, Ali » est de Tradition.

 

Le Fondement Alevi : Serviteur en Allah, Croyance en Hz. Muhammed, Disciple de Hz. Ali et guidance par la voie de Hz. Huseyin.

Les préceptes de l'Islam dans l'alevisme sont au nombre de quarante (makam). Les piliers de la foi sont lus à travers ces quarantes makam. Les préceptes de « 3 Sünnet et 7 Farz » et des 12 Ilke selon les recueils de l'Imam Jafar-as Saddik (a.s) et du Sheyh Safi sont contenus dans les quarante makam.

Les 4 zahir (exotérique) et les 7 batin (ésotérique) dans le Kur'an-i Kerim ont été réduites formellement à 4 portes 40 makam et 360 menzil. Les règles de l'Islam auxquelles doit se conformer chaque alevi sont ces conditions.

4 Seuils, 40 Stations (Makam):

Shariat :

1. Croire en l'Unicité de Dieu et accomplir la prière (ibadet) (Bakara Suresi/255 ; Mümin Suresi/60)
2. Protéger la Connaissance (Ilim) et la Gnose (Irfan)
(Nisâ Suresi/162 ; En'am Suresi/140)
3. Etre maitre d'un travail, d'un métier
(Bakara Suresi/16 ; Nûr Suresi/137)
4. Disposer d'un gain licite (halâl)
(Bakara Suresi/286 ; Rahman Suresi/9)
5. Contracter un mariage et donner naissance
(Nahl Suresi/72 ; Rum Suresi/21)
6. Disposer la table, par un gain licite (halâl)
(Nahl Suresi 71 ; Insan Suresi/8-9)
7. Suivre la communauté
(Hücâdile Suresi /11 ; Enfâl Suresi/24)
8. S'habiller et manger propre
(Bakara Suresi/168-172)
9. Compassion et indulgence
(Bakara Suresi/129 ; Nûr/22)
10. Se protéger de la ruse et se diriger vers le vrai
(Isra Suresi/84 ; Nahl Suresi/123)

Tarikat :

1. Prêter serment (ikrar) au Pir de vivre sur la voie de l'erkan (pilier) et à ce jour, se repentir de ses fautes
(Araf Suresi/181)
2. Rester sur le serment en devenant disciple-étudiant (talib)
(Fetih Suresi/10)
3. S'habiller propre en restant pudique, poli (adâb)
(Araf Suresi/26)
4. Faire son travail soigneusement
(Bakara Suresi/82)
5. Servir les Gens de la Voie
(Enfâl Suresi/72)
6. Etre en station de crainte et d'espérance, Khawf-u Rija ( Se repentir et se faire pardonner)
(Nasr Suresi/3)
7. En voyant les difficultés, ne pas délaisser l'espoir d' Allah (ne pas sombrer dans la tourmente)
(A'raf Suresi/56)
8. Etre des Gens de la Taqwâ (piété), se diriger vers la voie du salut
(Âli Imran Suresi/114)
9. Prendre conseil, dans le lien des Gens de la Gnose (Irfan)
(Kaf Suresi/37)
10. Etre connaisseur du Vrai, prendre soin de son conjoint et de son travail et maitriser, ses mains, sa langues, ses lombes
(Ahzab Suresi/35)

Marifet :

1. Ne rien entreprendre de contraire à l'adâb (politesse, modestie, pudeur)
(Kalem Suresi/4)
2. Craindre Dieu, lorsque l'ego est incité à de mauvaises actions
(Nisa Suresi/78)
3. Entre en état d'abstinence, de jeûne à toutes mauvaises actions.
(Â'la Suresi/14)
4. Patience et retenue : consentir à ce que l’on a.
(Enfal Suresi/46)
5. Avoir honte des mauvaises actions
(Nisa Suresi/85)
6. Générosité, partager les bienfaits (ni'mat) produites par les mains.
(Isra Suresi/26)
7. Etre de Connaissance (ilim) et de Guidance (irchad)
(Ali Imran/187)
8. Etre possesseur d'un coeur "auguste"
(Furkan Suresi/63)
9. Pour chaque sujet, être des Gens de la Marifat (connaissance divine)
(Ankebût Suresi/58)
10. Connaitre sa propre essence et la transmettre
(Suara/193-194-214)

Hakikat :

1. Etre de la terre (Turab), voir les manques dans son essence
(Isra Suresi/37)
2. Ne pas réprouver les 72 groupes
(Maide Suresi/48)
3. Ne jamais se refuser de faire le bien
(Nisa Suresi/95)
4. Gagner la confiance des créatures de tous les mondes
(Âli Imran Suresi/75)
5. Au souverain du Royaume (monde matériel), faire de bonnes oeuvres et gagner Son consentement (riza)
(Tegabün Suresi/17)
6. S'entretenir sur les secrets de Hakk et ainsi ennoblir les coeur
(Mücadile Suresi/7)
7. Pélerinage, gagner le coeur de l'Ami
(Hâc Suresi/46)
8. Cacher les secrets de l'Ami
(Ali Imran/118)
9. Par la communion spirituelle (münajat), se faire pardonner par Dieu, le glorigfier pour tous les bienfaits qu'Il offre.
(Bakara/58)
10. Observation (Müchahada), dans la théosophie du Wahdat-i Wudjut, méditer sur Dieu, Le voir proche.
(Tekasür /7; Kaf /16)

Chaque porte correspond à un élément de la nature (feu-Ammare, air-Lawwama, eau-Mülhime, terre-Mutma'ine) et chaque élément a son équivalent de nefs chez l'homme. Chaque nefis est représenté par 10 intentions. Et la porte correspondant à un élément 'libère' le nefs correspondant.

  • Nafs-i Ammare : équivalent du feu. C'est le dessein des ignorants oppresseurs.

    1) Ignorance
    2) Orgueil, fierté, Courroux
    3) Haine
    4) Chagrin
    5) Avarice, contrariété
    6) Révolte
    7) Dépendance au nefs
    8) Rancune
    9) Insulte
    10) Dissension, semer le trouble

  • Nafs-i Lawwame : à la Shari'a, le serviteur se rapproche d'Allah par la connaissance, Ilmel Yakin. Il attenit ainsi le seuil de la porte de la connaissance.

    1) Esprit cru, qui nie la tevella et la teberra
    2) Piété
    3) Abandon à l'invocation
    4) Servitude, esclave
    5) Namaz
    6) Jeûne
    7) Hadj, pèlerinage
    8) Jurisprudence
    9) Zekât
    10) Ablution (Abdest)

  • Nafs-i Mülhime : c'est la représentation de la connaissance (Marifet), le serviteur se rapproche d'Allah par l'adoration, Ayn-el Yakin. Il comprend les degrés de raison, de connaissance, de sagesse, et de conseil.

    1) Intelligence
    2) Sagesse
    3) Connaissance
    4) Conseil
    5) Esprit
    6) Bien
    7) Maturité
    8) Vertu
    9) Don
    10) Générosité

  • Nafs-i Mutma'ine : c'est l'expression de la Hakikat, le serviteur se rapproche d'Allah par la Vérité, Hakk-el Yakin. La terre est une preuve de l'homme. Et le paradis en est au dessus. C'est le dessein des Gens de la Tarikat.

    1) Prendre patience
    2) Servir avec sagesse
    3) Justice
    4) Etre miséricordieux
    5) Etre connaisseur de la lumière par le consentement
    6) Protéger la connaissance
    7) Mériter la Vérité
    8) Se rapprocher de Hakk (le Vrai, Allah)
    9) Tenir son engagement
    10) Constance dans l'amitié

Conformément au Buyruk de l'Imam Jafar-as Saddik (a.s), dans l'Alevisme, il y a 3 Sünnet (traditions) et 7 Farz (préceptes):

Trois Sünnet :

    1. Toujours aller vers la parole d'Allah. Celle de se diriger vers l'unité (tawhid) du Coeur
    2. Cesser toutes les hostilités de son coeur ; réprimer ses rancoeurs et son orgueil, sa fierté, ne pas provoquer de jalousie ; ne pas céder à ses convoitises, ses ambitions afin de ne pas livrer son coeur au sheytan
    3. Si les initiés sont mille-un, qu'ils s'assoient ensemble et qu'ils parlent d'une seule voix

Sept Farz :

    1. En se préservant du sheytan, de la religion des zahit (du mal), préserver la religion par le juste chemin de la tarikat (voie, ordre religieux). en dissimulant les secrets
    2. Porter la main puissante d'Allah (desti-i kudret), c'est-à-dire se tourner vers la Vérité, Hakk de notre propre intention
    3. Obéir à la balance de Hakk. A un pêché, mille pardons et implorations. Ne pas mentir et ne pas faire voeu dans les lieux de mensonges et ne pas s'y trouver. Que l'ordre du monde soit rétabli, se remette en place jusqu'au dernier grain de sable.
    4. Renoncer sous serment par le consentement au Calife (celui qui porte la ceinture)
    5. Faire atteindre le droit du Musahip (frère de l'Au-Delà) dans l'assemblée (djamiyet) de Hakk par la hakikat (vérité)
    6. Porter le manteau du Calife ; à celui qui met la ceinture, faire serment et se repentir
    7. Accepter la couronne (tadj) du Calife

    Ceux qui sont sur ce chemin sont dits dévoués. Ceux qui s'écartent de ces sünnet (tradition) et de ces farz ne recevront aucune force, seront bannis et leur visage s'obscurcira..

Douze conditions (Ilke) dans la Tarikat :

    1. Craindre Hakk-Allah. C'est-à-dire qu'il est du devoir de l'initié de porter d'abord la vérité par des paroles et des actions justes et droites et par une nourriture licite (halâl). Sois vénérable à la Shari'at, que la piété en soit ainsi pure. Et quoi qu'il se trouve dans tout chemin et dans tout pilier de l'office s'engager pour venir en aide (nusrat) pour la victoire (zafer) . Ainsi il obéit à Hazret-i Muhammed Mustafa Sallallahu Taalâ aleyhi wassallama.
    2. Ne divulguer à personne de paroles injustes, contraire à la vérité. Voir le Peuple tout entier d'un seul oeil. Voir la basesse de son essence dans le Tout.
    3. Rendre au Peuple sa majesté et sa compassion avec pudeur et les bonnes manières (adab). Donner son âme et sa force au Chemin et aux piliers (erkân)
    4. Invoquer d'honnêtes supplications (tazarru). C'est-à-dire de voir l'homme (âdem) vénérable ; honorer l'un et l'autre avec gloire, modestie et ne pas le rabaisser.
    5. N'être limité que par le consentement (riza). Patienter dans les consentements et les épreuves de Dieu afin de ne pas nier Hakk... Hakk Ta'alâ aime ses serviteurs patients.
    6. Résignation (tawakkul) ; renoncer à l'importance des entreprises ici-bas
    7. Agir avec patience (tahammül) dans toutes ses entreprises. Hakk Ta'ala est omniscient.
    8. Craindre Hakk et ne pas subir ainsi de chatiments.
    9. Etre parmi les plus consentants. Se contenter de peu et en recevoir sa grandeur.
    10. Ne pas s'affliger de la substance émanant d'Allah
    11. Isolement et ne pas s'assimiler au peuple
    12. Aux fidèles, qu'ils soient le capitale de justice et de vérité

Croyance Alevi

Dans l'alevisme et le bektachisme Allah a créé Adam à son image et toutes ses manifestations en ce monde, se font sous la forme humaine. Allah ne se trouve ni au ciel ni au paradis, mais au centre du coeur humain qui symbolise la Kaaba. La divinité étant par essence immatérielle, il existe, entre le Créateur et sa créature, un intermédaire qui est la Manifestation divine. Cette Manifestation est Muhammed Ali et représente la Beauté divine dont la beauté humaine est le reflet.

Dans l'alevisme, il n'y a pas de peur (en tant que contrainte) d'Allah. La croyance est en Allah. Il n'y a pas la peur de la religion, du paradis et la crainte de l'enfer. Tout est dans l'homme. Comme l'a dit Allah :

Qaf - 16. Nous avons effectivement créé l'homme et Nous savons ce que son âme lui suggère et Nous sommes même plus près de lui que la veine jugulaire

Tout est dans l'Homme, et tout est dissimulé dans le cœur des hommes (sous sa langue). Hakk (le Vrai) est dans le monde. Chercher Allah en dehors du monde est futile. L'Homme est la Qibla (direction de la prière). Pour les alevi, l'Homme qui parle est le Kur'an. Hz Ali : « Je suis le Kur'an'i Natik (le Coran Parlant) »

 La Relation Allah - Insan (Homme)

Ce n'est pas par la crainte mais par l'amour que l'on se soumet aux prescriptions d'Allah. L'origine du mal ne provient aucunement de Dieu. L'Amour (Hak - Allah) n'est pas engendré, Il n'engendre pas. Seul le mal est engendré, le mal ne provenant pas de Dieu. Le bien et le mal n'existent que si l'un des deux absents. Le bien et le mal ne sont pas d'Allah contrairement aux conceptions orthodoxes. La relation entre Dieu et l'Homme est amour, basée sur le respect appuyé de la vertu. Si l'homme a un cœur, ce dernier n'est limité que par Dieu.

 Allah, l'Homme et l'Amour

 L'Homme est sacré. Où l'amour est absent, rien ne peut exister. Par crainte (dans le sens littérale) on ne peut aimer Allah. « La prosternation (sedjde) se fait au visage de l'homme (Adem) » (référence à Adam devant lequel les anges (melek) se sont prosternés lorsque Dieu l'a créé). La Qibla (direction de la prière) n'est rien d'autres que la beauté de l'Homme. « La Qibla est le beau visage (djemal) de l'Homme. »

 Allah, la Nature et l'Homme

Dans l'alevisme, la nature doit être respectée et aimée. Elle est indissociable de la Création. Les hautes montagnes, les grands arbres, les sources d'eau, le soleil, la lune, les étoiles, les animaux,tous sont respectés, admirés pour leur beauté pour la magnificence de la création.

Allah dans les psaumes alevi (voir la section Poèmes )

Allah est Un, la Vérité est à Muhammed Ali
L'âme contient le monde entier
Le chemin est celui de Hakk Muhammed Ali
Viens dans l'Assemblée de Muhammed Ali
Pir Sultan Abdal

Les grands poètes Alevi comme Fuzûli, Hatayi, seyyid Nesimi, Virani et Pir Sultan Abdal évoquent principalement l'amour et le respect qu'ils portent à Allah, Muhammed, Ali. Dans les djem alevi, les nefes (poèmes, psaumes, littéralement souffle) expriment particulièrement l'amour d'Allah, de Muhammed, de Ali, de la famille Sainte du Prophète (Ahl-u Bayt). Contrairement à quelques conceptions islamiques, les poèmes ne sont pas interdits. Les invocations alevi d'Allah sont exprimées dans les psaumes, les dou'a. Dans ces dou'a (prières, invocations), les paroles parlent d'amour et de respect et en particulier du Prophète, de sa Famille Sainte et des saints. Ces dou'a commencent avec Allah, Muhammed, Ali et se terminent de la même manière avec l'amour et le respect.

Paradis (djennet) et l'enfer (djehennem)

Ce Paradis dont ils parlent
Rempli de palais et de nymphes
A ceux qui Le sollicitent, donne leur
C'est de Toi [Allah] dont j'ai besoin, Toi seul
Yunus Emre

Le Paradis est ce que l'homme fait de bien dans le monde, néanmoins ce que donne Allah n'est pas un pot-de-vin. La prescription de l'homme est de faire le bien. Et il ne doit pas le faire sournoisement dans le but de disposer de belles femmes dans l'au-delà. Yunus Emre, dans son poème, dit que le Paradis n'est pas les nymphes, les beaux palais mais qu'il veut uniquement Allah. Il préfère L'atteindre à toute chose, à tout autre état.

Le paradis et l'enfer sont dans ce monde. Chercher un autre paradis ou un autre enfer est vain.

Yoksul (indigent)  Köylu (le Villageois)

Yoksul le villageois est mort,
Quand il a ouvert les yeux
Il se trouvait devant la Porte du Paradis
Un homme riche attendait aussi dans la file
Puis est venu un ange,
Qui ouvra avec une clé en or la Porte du Paradis
L'homme riche rentrait en premier
Et soudain on entendit une fanfare
Derrière la Porte
Un cortège de musicien jouait en son honneur
Accompagnés de chantres
L'amour a délivré les entrant au Paradis de leurs cris de détresse
La Porte s'ouvrait à nouveau, il n'y avait plus de musiques
Le villageois entra,
Un ange le rencontre,
- Bienvenue frère villageois, dit-il seulement
Mais où est la fanfare ?
Pourquoi le cortège ne joue-t-il plus ?
Pourquoi les anges ne dansent-ils pas ?
- Qu'est ce que c'est que cette affaire ? criait le villageois
Quand l'homme riche est entré,
Vous avez chanté,
Vous l'avez accueilli avec de la musique.
Je ne suis manifestement qu'un indigent, un simple !
Mais ne reste-t-il pas des indigents dans le monde ?
Les gens ne sont-il pas tous égaux au Ciel ?
- Oui, a dit l'ange
Un riche est un, un indigent est un
Seulement n'oublie pas, frère villageois
Chaque jour, des milliers d'indigents viennent au Paradis
Mais sur mille ans, il n'y a qu'un riche qui y est entré.

Regarder Dieu avec les yeux de son âme.

Bien évidemment les hommes ne peuvent ni voir Allah de leurs yeux, ni le toucher de leurs mains. Mais s'ils font ce que Allah prescrit et s'ils ne manquent pas de servir Allah (par extension l' Homme, sa manifestation ici-bas), ils se rapprocheront d'Allah.

En se purifiant de toutes les vilenies, en se rapprochant des créatures d'Allah (sa manifestation), avec l'amour et le respect, le voile noir recouvrant les yeux de l'Ame se lève : l'Homme se rapproche d'Allah.

Dieu n'a besoin ni de vêtements ni de nourriture. Mais si les vêtements et la nourriture de Dieu on les donnait à ses serviteurs nécessiteux, on se fera aimer par notre Seigneur. Mais ces prêches ne se sont pas recevables lorsque le but est d'obtenir une récompense; si on le fait sans intérêt, on percevra Allah avec les yeux de l'âme.

 Insan-I Kamil

Selon l'alevisme, chaque chose fait partie de la croyance. Ce que tu cherches, cherche le en toi-même. Les hommes doivent se purifier en s'éduquant soi-même, en devenant mûr, en éduquant son nefs (désir, moi…). Et il devient ainsi proche de Dieu, se perfectionne (Kamil). Il devient l'Insan-i Kamil.

Niyazi Misri (XVIIème siècle) disait : « Ne crois pas devenir une personne bien seulement en accomplissant le namaz (salât), en jeûnant, en allant à la Mecque. Ne crois pas devenir un “homme complet” (Insan-i Kamil) ! » Le principal problème est de s'instruire soit d'éduquer son moi (nefs), d'être modeste, d'éviter la forme afin d'atteindre Dieu, refuser la corruption; ainsi est-il nécessaire de se lier au Cœur.

Gerçeklerin demine Hü

 

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