Mise à jour le 26 janvier 2005
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Articles
Waridat Shaykh Badr Al-Din Mahmûd Reflexions de Shayh Badr Al-Din Au nom de Dieu, Gloire à Lui Sache que les réalités de l'Au-Delà ne sont pas telles que le prétendent les ignorants ( Juhhâl ), [1] , elles sont du monde de l'impératif divin ( Al-amr ) [2] , du mystère et de la royauté ( Malakut ) [3] et non pas du monde visible comme le suppose le vulgaire (dépourvu de connaissance religieuse) ( A wamm ) [4] . Les prophètes et les élus ont dit la réalité, mais l'important est de comprendre leur propos. Sache et ne doute pas que le paradis, les palais, les arbres, les créatures paradisiaques ( hûri ), les habits, les fleuves, les fruits, la souffrance, le fe u [5] et tout ce qui est semblable, qui ont été mentionnés dans les récits traditionnels ( Ahbâr ) et dans les documents transmis ( âtâr ), ne doivent pas être exclusivement pris selon leur apparence, parce qu'ils possèdent d'autres significations que connaissent les élus des amis de Dieu. Le but de l'institution du culte, c'est d'attirer les coeurs (ou les âmes) des choses périssables vers l'Etre Suprême et Eternel. Même si tu priais d'un coeur préoccupé de ces choses pendant mille ans, tu n'en retirerais aucun prix. Ce corps ne possède pas de subsistance illimitée ( baqâ ) , et ses parties ne seront pas recomposées après l'anéantissement ( fanâ ) telles qu'elles l'ont été. Ce qui est désigné par la résurrection des morts n'est pas cela. Où es-tu insouciant! Tu es préoccupé par ce bas monde; aussi ta vo lonté ( himma ) [6] est-elle devenue incapable de percevoir ces choses. Les perfections ( Kamâlât ) sont autres que tu l'as imaginé. Mais ton éloignement de la Vérité t'empêche de t'en une voie de retour, afin que des coeurs se reposent dan la Vérité. Ton cas est semblable à celui d'un enfant que l'on trompe avec des fruits et d'autres choses: On lui présente des choses vers lesquelles il est attiré, afin qu'il ne se détourne pas de l'étude. Crois-tu qu'avec un tel coeur négligeant, tu connaîtrais Dieu, les prophètes, ce qu'ils sont et quels sont leurs buts, ou pourrais-tu les connaître en lisant les livres ? Sache que cha que fois que tu t'occupes à étudier, cela t'éloigne davantage de la saisie de la Vérité. L'ordre que Dieu donne aux hommes, relativement à son exigence essentielle, éloigne de l'expression Verbale, des lettres, de la langue arabe etc. La plume ( qalam ) [7] est la réalité de toutes choses et par conséquent écrit sur cette réalité même tout ce qui lui arrive: les atwar [8] , les hüri, les palais, les fleuves, les arbres, les fruits et toutes choses semblables, tout cela se réalise dans le monde de l'imaginaire et non dans le monde des sens. Entends donc les djinn de la même manière; leur nom ( djinn ) [9] indique ce qu'ils sont, parce qu'ils sont cachés aux sens extérieurs. Ceux qui les ont vus manifestement peuvent penser qu'ils l'ont vu dans la réalité extérieure. Mais il n'en est pas ainsi, ils résultent de l'imagination. Selon la parole divine suivante; "Dieu seul connaît le mystère ( ghayb ), et ceux qui sont enracinés en la science déclarent: (nous croyons à cela. Tout vient d'auprès de notre Seigneur. Et Dieu ne fait mention que de ceux qui sont doués d'esprit" [10] . L"article "al" est là pour prendre le sens du mot ( ghayb ) [11] dans toute son extension ( istigrâq ). En vérité, le véritable savant n'est que Dieu, l'Unique et l'Omnipotent. Cela ne fait pas problème. Le Tout est dans le tout, c'est-à-dire que tous les êtres qui existent sont en toute chose, voire en tout atome. Je veux dire que (le tout de l'arbre) est dans chacune de ses parties, puisqu'il est, en sa totalité, dans le fruit (qui est une partie de l'arbre). Par conséquent, dans chacune des parties de l'arbre, il y a une graine. -Donc dans cette partie, il y a l'arbre tout entier- c'est pourquoi le tout se manifeste en lui. De même, le tout des mondes se vérifie dans son principe, et le principe dans la totalité de ce tout en chacun des mondes. Donc la réalité de chacun des mondes se vérifie en tout atome. Dans tout cela se dévoile le secret du dévoilement pour les hommes de vérité: c'est que le tout est en tout homme et que dans la mesure où ce voile se soulève, le tout se découvre en l'âme ( Nafs ) [12] (2) de l'homme. "J'étais un trésor caché et J'ai désiré être connu. J'ai créé les créatures pour être connu" [13] (3). Mais le seul et véritable connaissant est lui (Dieu) qui est au-dessus et séparé de toute chose. (Dieu) Le Tout est qualifié de tous ses attributs. La lumière de six cierges [14] (1) a si bien éclairé (mon intérieur), comment donc sera la lumière d'un coeur qui brûle de mille flammes! O adepte ( Sâlik ) [15] (2), ne désespère pas. Une fois les dangers traversés, tu retrouveras ta sérénité. Les gens se rendaient un culte les uns aux autres ou adoraient les dinars, le dirham, le manger, la puissance et la jactance. Ils pensent adorer Dieu, mais ils ne savent pas. "Nous avons proposé le dépôt aux cieux, à la terre et aux montagnes. Ils ont refusé de s'en charger et en ont été effrayés, alors que l'Homme s'en est chargé. Car il est injuste et ignorant de toute loi" [16] (3). Ceux qui s'adonnent à l'établissement de la vérité disent de ce dépôt ( al-amâna ) [17] (4) que c'est la connaissance que l'on a de Dieu. Quant à moi, je dirai qu'il est plausible qu'on entende par là l'image de la Vérité créatrice ( Al Haqq ) [18] , car Dieu en créant Adam lui donna Sa Propre Image. Car son Image est celle du Tout, et elle est dans l'homme, non dans un autre être. Il n'est pas nécessaire de supposer le principe dans les cieux car les cieux eux-mêmes ne portent pas ce dépôt. L'homme l'a porté en relation avec la matière [19] . Il est oppresseur et ignorant [20] par référence aux matières qui le constituaient avant qu'il ait reçu cette forme spirituelle. Il devint alors juste et connaissant; tout ce qui te pousse vers la Vérité Créatrice est ange et rahman [21] , tandis que tout ce qui te traîne vers ce qui n'est pas Dieu, est iblis [22] et Satan. Tes forces qui te poussent à incliner vers Lui sont des anges; tes forces qui te poussent vers les plaisirs du corps et les passions sont des satans. Tu es suspendu aux anges et aux démons. L'autorité appartient à celui qui l'emporte. Le djinn est une créature entre l'ange et le diable. Toute goutte de pluie a une cause qui fait qu'elle tombe aux endroits de la terre où elle tombe. La cause complète qui fait qu'elle tombe là où elle tombe la fait entrer en possession de ce lieu, elle est donc un ange ( Malak ) [23] . De même chaque cause qui a pu déclencher ce processus est un ange. Si l'on disait que chaque goutte a un ange, on dirait vrai, relativement à la cause complète. Si tu disais que chaque goutte a plusieurs anges, tu dirais vrai relativement à ses parties, ce qui n'exclut pas que l'on puisse concevoir pour elle une forme appelée ange. Sache que le châtiment et la clémence, la souffrance et la jouissance et tout ce que est de cette sorte, ne bat pas en brèche l'Etre réel du Tout, car cet Etre est transcendant par rapport au Tout. Ce sont les exigences des "descentes" par lesquelles Dieu se révéle [24] qui font que le liquide qui est dans la bouche de chaque homme ainsi que celui de la vipère est en harmonie avec l'être auquel il correspond, mais est un poison pour l'autre. La réalité de l'animal existe dans tous les deux, mais l'animal est transcendant par rapport à eux, bien qu'il n'en soit pas évacué; et la Vérité Créatrice (Dieu, al-Haqq ) est le Tout des êtres engendrés. Sache que dans la Vérité Créatrice ( al-Haqq ) il y a une tendance essentielle à se manifester, et elle ne peut affirmer sa réalité qu'en prenant des formes particulières dans les particuliers. L'amour ( Mahabba ) [25] est cette tendance de l'essence et de son exigence essentielle. Il est fait allusion à cela dans la Parole Divine : "J'ai créé pour affirmer ma réalité, pour me définir et pour me manifester:' Entre cela et ce que certains savants ont conçu de la connaissance de l'amour, il y a un fossé énorme. Mais attention! Si l'objectif des chefs de la communauté, comme l'orateur, l'imam et les autres n'est pas la Vérité Créatrice ( al-Haqq ), c'est une excuse suffisante pour s'éloigner de cette sorte de communauté, sauf si on se propose d'en remettre les membres dans le droit chemin. La base du culte consiste à avoir comme objectif la Vérité , si la base se perd, il n'y aura pas de culte et il n'en reste que du mal dans la communauté et mieux vaut éviter la communauté du mal. Sache que l'Existant, c'est la Vérité Créatrice , rien d'autre, et ainsi le but à atteindre c'est la Vérité , rien d'autre. Leurs paroles (des Mashaih ) "O but, ô existence" ( Yâ maqsûd, ya mawjûd ) en témoignent. Il (Dieu) englobe toutes les choses même si elles sont incompatibles, contradictoires, puisqu'elles entrent toutes dans l'existence. L'incompatibilité est relative aux degrés hiérarchiques, et Lui (Dieu) est au-dessus de cela. Le bâtil (faux) [26] est vrai du point de vue de l'existence, et sa fausseté ( butlan ) est relative. Or tous les degrés hiérarchiques sont contenus dans le monde des corps ; et si les corps étaient supprimés, il ne resterait rien de ces degrés relativement aux esprits et autres êtres séparés. L'auteur de ' Mirsâd al-'Ibâd " donna l'exemple du sucre candi et du qutar (appareil à distiller). Il met les corps à la place du qutar et les âmes selon leur degré à la place du sucre candi, du sucre raffiné, du pain de sucre et du sucre en morceaux selon leur degré (de pureté) [27] . Cela donne l'impression que les âmes sont séparées des corps dans la création. Mais ce n'est pas ainsi, bien plus le corps de l'homme est âme voire vérité, qui s'épaissit par la composition des formes. Plus une forme s'élève, plus le corps se raffine jusqu'à ce que la Vérité Absolue reste Unique sans associé. La Vérité ( al-Haqq ) relativement à l'exercice de l'efficience ( ta'tîr ) est Ilah (Divinité) [28] et relativement à la réception d'une marque de l'efficience ( ta'attur ) elle est 'abd (esclave), créature, sujet d'obligations, astreinte, donc toutes les actions sont [l'émanation] de la Vérité Créatrice (Dieu) et les formes sont des instruments [pour elle]. Mais, dans la forme [ou: l'image] de l'esclave, il n'y a pas d'autre chose que la Vérité Créatrice mais l'esclave n'est pas au fait de cela. Il imagine que, pour lui, il y a un libre arbitre, un acte, une existence propre, indépendamment de la Vérité Créatrice , et c'est là de sa part une négligence ( ghaflâ ). C'est comme si l'ouvrier (humain) avait l'existence d'un instrument, alors que l'existence de l'instrument dépend de celle de l'ouvrier [divin), et comme s'il pensait que l'instrument est l'auteur de l'œuvre. Ce serait là imagination et représentation blâmables, à cause de la négligence dont il ferait preuve; si bien que s'il connaissait la Vérité Créatrice et fondait l'acte et le libre choix sur lui-même, en tant qu'il est cette vérité Créatrice, il n'y aurait pas de blâme, parce que l'acte particulier sort d'une forme particulière, de telle sorte qu'il est l'agent de cet acte. Il est la Vérité Créatrice à ce niveau et en cette forme, et la Vérité Créatrice dans cette forme est cet être; médite ainsi à ce sujet. C'est non pas le jâhil (ignorant) mais le 'àrif (initié) qui a raison, quand il dit: "J'ai fait, j'ai fabriqué". La preuve en est que le libre arbitre ( ihtiyâr ), c'est le sentiment que celui qui produit l'action a de son action, parce qu'il fait ce qu'il veut, qu'il abandonnerait l'acte s'il le voulait, et parce que les actions sont le fait de la volonté innée à travers les exigences des degrés et des formes, ainsi que le fait des causes internes et externes. Lorsqu'elles se réunissent, la volonté est: nécessairement suscitée; et les actions résultent de leurs causes. L'homme peut croire qu'il est capable d'y renoncer, mais ce n'est pas le cas. De même en est-il de l'abandon de l'action, ainsi il ne reste à celui qui produit l'acte que le sentiment qu'il en a au moment où il se réalise effectivement. La production d'actes contradictoires par les animaux fait croire que ceux-ci ont le libre arbitre, mais ce que établit le vrai, c'est ce que j'ai entendu dire. Le corbeau fouillant l'endroit où l'on jette le fumier, le coq chantant en pleine nuit et d'autres (actes) semblables laissent croire qu'ils ont libre arbitre dans le sens connu chez les vulgaires. Mais, ce n'est là que l'inexactitude due à l'expression verbale. [La connaissance de | ] Cela est ce que l'intuition donne, bien que la raison défaillante ( `aql nàqis ) n'en tombe pas d'accord. L'univers ( 'alam ) existe de toute éternité ( qadim ) avec son genre, son espèce, son être absolu. Sa production dans le devenir ( hudüt ) est essentielle' ( zàti ), et non temporelle. Les opposés ( addâd ) émanent de la Vérité Créatrice qui est satisfaite des uns, non des autres. la production de l'existence est nécessairement exigée par l'essence et par les hiérarchies, il n'y a pas moyen d'y échapper. Mais ceux des opposés qui sont en accord avec l'ordre, on s'en approche grâce à la connaissance de Dieu le Très Haut- et avec l'acquisition des perfections qui donne le contentement, sinon non. [Telle] une personne, dont émanent, indépendamment de sa volonté, des actes ou des paroles, au moment où elle est en colère, et qui n'en est pas contente dans son état d'apaisement. La volonté a le sens de nécessité exigée par l'essence et par les hiérarchies. Et il n'en est vraiment pas ainsi que le pensent les adeptes de l'apparence extérieure ( ahl al-zahir ) [29] . La Vérité Créatrice est au dessus de ce que les injustes ( zâlim ) en disent, à savoir que, d'après leurs opinions, les mauvaises actions ( qabâ'ih ) et les actions immorales ( fawahish ) sont le fait de la volonté de Dieu. Que son excellence soit au-dessus d'une telle volonté! Celui qui est à la recherche [de Dieu] est comme un malade, les perfections désirées sont comme la santé. L'ignorance et l'éloignement de Dieu sont comme la maladie. De même le malade s'abandonne au médecin, il dispose de ses actions comme le médecin le veut, il supporte l'amertume des médications et diverses souffrances dues aux traitements et il se conforme aux ordres du médecin. Peut-être que la santé lui reviendra un jour, ou même jamais. Mais, une des obligations de la recherche de la santé est l'observance de ce que est ordonné, car c'est le moyen d'y parvenir. Il l'obtiendra, après différentes formes de souffrance, s'il l'obtient. Sinon il doit faire effort avant tout: de sorte que s'il disait au médecin: "je ne me soumets pas à ton ordre tant que tu ne m'as pas guéri". Ce serait une chose que refuse la raison à la recherche de la santé. De même celui qui chemine [vers Dieu] doit faire effort pour supprimer les obstacles, et il n'a pas le droit de dire qu'il ne s'occupe pas de ce qu'ont dit les doctes ( al-mahsa'ih ) tant qu'il n'a pas atteint l'objet de sa recherche. Car ce sont là des indices de l'absence de recherche. L'homme a les moyens de faire effort en ce qui présente une utilité pour lui, il n'a pas à laisser le temps travailler pour lui. S'il parvient jusqu'à la mort, en faisant effort, il atteint à l'achèvement complet de sa condition, et s'il arrive un accident dû au destin, il a une excuse. Par exemple, l'abandon des occupations de ce monde-ci est l'un des plus grands moyens de parvenir à la Vérité Créatrice. Pourtant, beaucoup de gens qui font montre de cette volonté de recherche, lorsqu'on leur expose cela, répondent qu'ils ne se détacheront pas ces occupations jusqu'à ce qu'ils aient atteint l'objet de leur recherche; alors cela devint une chose impossible. Leur cas, comme celui des prophètes est comparable à celui des parents qui trompent leurs enfants dans un but de perfection en excitant la peur et la convoitise de choses qui n'ont pas d'existence. En effet, il est possible que ce que l'on jette (présente) aux enfants soit pur mensonge. Cela n'est pas digne des prophètes. En fin de compte, ce qu'ils évoquent de la peur et de l'espérance comporte d'autres significations; celui qui entend s'imagine selon son niveau que cette évocation a un sens autre que son sens vrai qui n'est compréhensible que par les initiés. Par exemple si on disait à quelqu'un; "Si tu agis ainsi, on te donnera deux oiseaux de lumière.", on entend par là deux problèmes de la science ( al-'ilm ) et de la gnose ( al-ma'rifa ),et cleui qui entend cela croit qu'on donne à ces deux choses lé sens qui a cours dans la connaissance du vulgaire. Mais il n'en est pas ainsi, au contraire le sens est ce-lui qui a cours dans la connaissance des prophètes. [Cela est] comparable au rêve ( ru'yâ ); car l'image vue en rêve n'est pas telle qu'elle est selon son apparence mais à cause de la fréquence de son apparition en chaque individu, on sait qu'elle n'est pas telle qu'elle apparaît; aussi réfléchit-on sur son interprétation et on prend connaissance de ce qu'elle signifie. La voie des prophètes est sans accès pour qui n'est pas prophète. Les non prophètes restent aveugles (dans l'ignorance), sauf les saints ( awliyà' ), qui connaissent par dévoilement ( Kashf ) [30] . Médite sur les opinions douteuses qui sont le lot des créatures. Les voies (qui mènent à Dieu) sont diverses. Celui qui ne goûte pas, ne sait pas. Jésus (le salut soit sur Lui) est vivant par son esprit, et mort par son corps constitué d'éléments, puisqu'il est l'esprit de Dieu et que la nature spirituelle le domine, puisqu'il n'y a pas de mort pour l'esprit. On dit qu'il (Jésus) n'est pas mort, en jugement d'après ce qui domine et non au sens où son corps composé d'éléments ne serait pas mort, ce qui serait impensable [31] . Comprends-le donc! un vendredi de l'an 808, j'ai vu deux hommes en vert dont l'un portait dans les bras Jésus (le salut soit sur lui), comme s'ils avertissaient que c'est (bien) Jésus (le salut soit sur lui) dont le corps a trépassé et Dieu seul le sait. La résurrection des corps telle que le vulgaire la conçoit est presque indéfendable à peine soutenable, mais il est possible qu'un temps vienne où il ne resterait sur terre aucun être de l'espèce humaine. Puis un être humain sera engendré de poussière (de terre) sans père ni mère, et après par la reproduction. Le Paradis et l'enfer et leurs détails (respectifs), ont d'autres significations que ce qui est incrusté dans la pensée des ignorants. Les anges sont du domaine de la Royauté divine, ils n'ont de concrétisation que dans le cadre du Royaume. En effet, la Royauté divine est l'intérieur ( bàtin ) du Royaume. Alors que les impulsions du bien se nomment anges ( malà'ika ), les impulsions du mal s'appellent satans ( shayâtin ) et Iblis qui peut s'individualiser. A partir de ces impulsions, L'homme imagine quelque chose et (la) détermine selon son aptitude, et il croit qu'elle a une existence personnelle apparente, sensible comme d'autres objets dont la réalité se constate dans (le monde) extérieur. Mais il n'en est pas ainsi. Cette personne et cette vision sont en fonction de la réalité cachée ( bàtin ) c'est pourquoi on peut la voir, même si celui qui voit ferme les yeux. Il se peut que la personne particulière donne le nom de satan au sentiment qui ne désire pas La Vérité Créatrice. Le coeur de celui qui dort se purifie des actions interdites; il se remplit de choses innombrables. Il est possible qu'il en soit ainsi de ce que les sages ont dit sur la conjonction de l'esprit avec les choses séparées, de sorte que les images des faits s'y réfléchissent, et il est possible que ce qu'il voit en songe ne soit pas extérieur à lui; mais qu'au contraire, son rêve soit ce qu'il se représente dan son état de veille. Donc cela ne correspond pas à l'opinion du vulgaire. L'homme comme il se représente une chose dans son état de veille se la représente également dans son état de sommeil. J'espère que la vérité est ce que je viens de dire et non pas ce qu'ils disent. C'est pourquoi celui qui dort ne voit en songe que ce qu'il a fait vu, entendu ou imaginé dans son état de veille, ou bien ce qui est du même genre. Si le rêve correspondait à l'opinion du vulgaire et était l'union avec des choses séparées, on trouve rait dans ce qu'on voit en songe une chose extraordinaire qu'on n'a pas entendue qu'on n'a pas vue et qui n'est pas venue à l'esprit, non plus que rien du même genre. Mais, il n'est pas ainsi; au contraire tout ce qu'on voit en songe, provient des représentations qu'on a (à l'état de veille). Le coeur n'est pas libre de représentations et de diverses idées qui lui viennent en dormant autant qu'à l'état de veille. Et selon (leur) clarté et (leurs) conditions, il se (les) rappelle et il (les) atteint. En un mot, il est certain que le rêve consiste en souvenirs de celui qui dort, lesquels se présentent sous forme d'images. Quant à ce qui vient sur la langue: que "Dieu, le Très Haut, créa, primordialement un "joyau", puis Il en fit sortir l'univers", le sens de ce mot "Joyau" ou Jawhar est que le premier être est apparu sous l'image de la Vérité Créatrice , le Trés-Haut, qui est amplement au-dessus de ce qu'ils peuvent en dire. C'est Dieu, le Très-Haut, qui est le plus savant. Sache que les invocations ( adkâr ) [32] et les prières ( 'ad'iyâ ) [33] sont pour tourner le coeur vers ce que l'on recherche ( al-matlüb ) [34] , comme si elles avaient un rapport avec lui. Et, ce qui a de l'efficience ce n'est que le fait de se tourner vers... ( tawajjuh ) [35] et non ces prières et invocations. Plusieurs choses se rattrapent à cela comme des ramifications et, par là, ce qui est caché aux gens insouciants devient clair. La science sans action est comme l'action sans croyance ou le corps sans âme. Ce que les théologiens ont dit sur le fait que "Dieu, le Très-Haut, est Omnipotent et Libre dans ses actions ( mukhtâr )" est pris dans l'acception qui donne pour sens qu'Il a voulu l'infidélité de l'infidèle, l'oppression de l'oppresseur et Il a choisi cela. C'est-à-dire que l'infidélité et l'oppression se sont produites de par Sa volonté et Son choix. Abû Ali B. Sinâ [36] et ceux qui partagent son opinion ont dit à propos du fait que Dieu, Le Très-Haut, est la cause universelle de l'existence ( mùjib ) par Soi-même ( bi-dât ); ce qui veut dire que Son existence est différente de l'existence de l'univers, mais qu'elle agit sur elle avec efficience [S1] . Les deux (existences) sont opposées et claires comme le feu et l'eau. L'une d'entre elles a laissé des traces dans l'autre. Voilà deux opinions fausse. Cela provient de la pure ignorance et du manque de pénétration dans la Vérité Créatrice. Sa gloire (Dieu) est au dessus de ce que les injustes en disent. Certes la Volonté de Dieu, de Très-Haut, son vouloir et son libre arbitre se manifestent en fonction des dispositions naturelles de l'univers. La parole de (Dieu) "Allah fait ce qu'Il veut, Il décide ce qu'Il désire [37] ne veut pas dire qu'il Lui appartient d'exercer Sa volonté et Son Vouloir dans quelque chose d'unique. C'est-à-dire dans quelque chose des opposés que l'on conçoit et que l'on imagine tels que l'infidélité et l'Islam l'injustice et la justice, la pierre et l'arbre, ainsi de suite. Au contraire son sens est que Lui, le Très-Haut, veut par volonté et vouloir ce dans quoi existent les dispositions naturelles de cette chose; Il ne peut pas vouloir ce qui n'est pas dans la capacité de cette dernière. La Volonté dépend des dispositions naturelles. Toutes les choses créées ont eu lieu selon leurs dispositions naturelles. Sa volonté ne s'attache qu'à cela, il est à peine croyable qu'Elle soit attachée à son contraire. Il ne fait que ce qu'Il veut et Il ne veut que ce qui est dans les dispositions naturelles. Il fait ce qu'Il veut. Comment donc (croire) qu'il ne le fait pas! Puisqu'Il s'y manifeste Lui-même. L'Homme s'afflige mais il n'en connaît pas la raison. La raison en est la nature de ce qui apparaît dans le devenir, s'il la connaissait, il ne serait plus affligé. Car c'est son être intérieur qui le ressent, ce qui fait qu'il s'afflige. Dieu le Très Haut, est le plus savant. Nulle divinité, excepté Dieu! Ce dans quoi se trouve l'action d'être n'est pas autre qu'Allah. Le sens de la Tradition qui est que "L'ange ne pénètre pas dans une maison où se trouve un chien", est que le coeur de son propriétaire possède le caractère d'un chien et qu'il ne peut jouir des hiérarchies angéliques. Dieu est le plus savant. Les hommes de l'époque dite jahilliyya adoraient une idole perçue par le sens, à notre époque, ils adorent une idole abstraite. Il est souhaitable que Dieu, le Très Haut, fasse apparaître la vérité pour qu'ils l'adorent comme il Lui est dû de l'adorer. Etre absolu se nomme Allah, en considération de toutes les perfections. Les actes, les attributs, les dignés et les perfections ne se manifestent que par l'intermédiaire des mazàhir êtres sur lesquels ils apparaissent. Les mazahir en leur totalité accomplissent toutes les perfections, ces dernières émanent des premiers; dans chaque apparition se manifestent des choses qui s'opposent les unes aux autres selon l'opposition de mazahir . La pluralité n'y a eu lieu qu'en apparence. L'Un (Gloire à Lui) s'irradie dans tous les mazàhir . Chaque unité des mazàhir , s'oppose selon sa forme à l'autre, pourtant selon la vérité, elles sont les mêmes. Dans chaque unité, des mazâhir se manifestent selon la forme des choses particulières. Mais, du point de vue de la vérité, toutes les choses sont "unique". Si chaque unité absolument parlant, parce que l'existence sans aucune condition se nomme Vérité Créatrice, qu'il en émane le tout ou la partie ou qu'il n'en émane aucune chose, qu'elle se qualifie de telle ou telle manière ou non c'est tout à fait pareil. Il est possible de dire que chaque unité des mazàhir est autre que Dieu, le Très Haut, en tenant compte du fait que si on considère la forme, le tout n'en émane pas. Le Tout est Unique à parler vrai, c'est-à-dire qu'à parler vrai à son propos. II est celui qui pourvoit à tout ( al-Razzâq ) et qu'Il est créateur. Il en est de même pour d'autres noms, tels "serviteur" ( àbd ) et Vérité Créatrice ( Haqq ). Il n'y a pas de pluralité d'après ce qui est vrai: L'essence ne diffère que dans les conceptions et d'après les considérations. Or, il n'y a pas saisie de la réalité de l'essence par le moyen des considérations. Ce qui appartient à la pluralité ne relève que des imaginations. C'est à quoi fait allusion: "Dieu existait, rien d'autre n'existait avec Lui" [38] , et: "Il est actuellement tel qu'il était" [39] , et le verset: "Toute chose périt sauf sa Face" [40] . Le mot "divertissement" ( al-lahw ) [41] est pris dans le sens de: ce dont on joue. Le sens en est ce qui distrait les créatures de la Vérité Créatrice. Quant à ce bas monde, il est comme ce qu'Allah, le Très Haut, en dit: "La vie de ce bas monde est seulement jeu et divertissement..." [42] , c'est parce qu'il y en a deux aspects: Le premier, c'est de s'occuper de la Vérité en ne tenant compte de rien d'autre qu'Elle; Le second, c'est de s'occuper, en se détournant de Dieu, de ce qui est autre que Lui. Il convient de considérer suivant ces deux aspects ce que Dieu interdit, déconseille, autorise et permet. Le divertissement est licite pour celui qui s'en occupe, en ne tenant pas compte de ce qui n'est pas Dieu; et il est déconseillé, ou interdit pour celui qui, se détournant de Dieu, s'occupe par là de tout ce qui n'est pas Lui. As–samâ (L'audition) [43] qui en est un exemple est licite dans le cas des "pauvres" ( al-fuqarâ ) [44] sincères, dans leurs "temps" [45] car leurs coeurs s'envolent vers Dieu, le Très Haut, lorsqu'ils entendent les belles voix, et il ne reste pas la moindre des pensées mondaines dans leurs coeurs, et ces derniers s'emplissent de Dieu. Est-il permis à un musulman d'interdire ce qui rapproche de Dieu, le Très Haut ? Selon ce que j'ai entendu dire, le groupe de ceux qui suivent la Voie ( sulûk ) comporte des catégories, comme le bois: il est du bois sec, qui s'enflamme au moindre contact du feu, et qui ne s'éteint qu'une fois complètement consumé; et quand la combustion est omoplète, alors il est le feu même. Il est possible de rapporter à lui la parole de celui qui a dit: "Si la pauvreté est complète, elle est Dieu même, le Très Haut." Il est une autre sorte de bois qui est humide, très humide, qui ne s'enflamme pas, même si l'on insiste jusqu'à ce qu'une partie de l'humidité ait séché. Il y a encore une catégorie intermédiaire, qui 'se divise en parties. Certaines s'enflamment sans grande difficulté et ne s'éteignent pas jusqu'à la fin, et d'autres s'enflamment avec peine et difficulté et s'éteignent chaque fois qu'on les néglige, jusqu'à ce que l'humidité diminue ou disparaisse complètement. Les disciples ( tâlibûn ) doivent tirer leçon de ce proverbe: "Sors de la règle, tu trouveras des règles extraordinaires." CHAPITRE : L'Essence de la Vérité Créatrice est dégagée au-dessus du tout, bien que le Tout soit en Elle, et Elle dans le Tout, elle est nécessaire et la nécessité ne s'en sépare pas dans aucune des catégories. Le possible provient de l'imagination selon la forme. L'apparition temporelle ( hudûth ) et la préexistence ( qidam ) se succèdent l'une à l'autre dans les formes. Et Lui (Dieu) est toujours au-dessus de cela, bien qu'Il soit dedans. L'existence du possible est, selon la réalité, La Vérité Créatrice. L'existence du possible, apparue et créée du point de vue de la forme. Gloire à Lui qui "a fait confluer les deux mers, elles se rencontrent, (mais) entre elles est une barrière qu'elles ne dépassent point." [46] . Il n'est point possible que le possible devienne vrai, ni que le vrai devienne possible, en tenant compte de deux considérations. Les deux sont de toute évidence Unique-Vérité. Donc, il n'y a pas d'existence pour un véritable autre. L'autre n'existence que relativement. En d'autres termes, L'Existence absolue, c'est Dieu, le Créateur, par le pouvoir d'agir et d'être efficace; et elle est le serviteur ( âbd ), créé, si on la considère comme objet de l'efficience et de l'action. Une autre explication: Il (Dieu) a pénétré dans le Tout, Il est revêtu de la couleur du tout, mais pourtant Il est au-dessus du Tout. La servilité, la dignité, l'obscurité et l'ennui se manifestent par l'intermédiaire des mazahir , et c'est par rapport à eux qu'ils se différencient. Cependant, le Tout est égal par rapport à lui-même. Dans la réalité, il n'y a rien d'autre que Lui. Il est Unique, même s'Il se manifeste sous mille formes. La Vérité Créatrice , le Très-Haut, se manifeste par lé Tout. Et le Tout se manifeste par Lui. Dans la Réalité , ce qui apparaît et ce qui fait apparaître ( muzhir ) sont une seule et même chose; le fait d'être différent est relatif. Il se manifeste dans le Tout selon le lieu où il se manifeste, mais non comme Il est. La Volonté de la Vérité Créatrice et Son Vouloir sont l'expression de ses exigences essentielles. Il n'est pas comme ce que croient les ignorants et les savants en prescriptions de la Shari'a [47] . (Voilà l'une des paroles de (Dieu), le Très-Haut: "Quand je l'aurai harmonieusement formé et aurai insufflé en lui de Mon souffle de vie,..." [48] . Sache que le sens en est qu'on montre dans ce degré la formation harmonieuse du corps d'une manière particulière; et cela par la réalisation des dispositions naturelles dans la matière, en fonction des nécessités. Donc, lorsque (l'homme) perfectionne ses aptitudes, il apparaît en lui l'âme ( rûh ) qui existe entre les deux. La réalité du "Souffle" et la vie du corps n'existent vraiment qu'en vertu d'une composition particulière. Il en est ainsi de la parole ( nutq ) et du rire. Quant à la distance entre l'homme et d'autres animaux, elle provient de la différence de la composition. A l'origine, c'est une chose unique. Donc, à chacun des degrés, est exigée une manifestation particulière qui est l'âme ( rûh ) au niveau de l'animal, et l'âme raisonnable ( nafs al-nâthiqa ) au niveau de l'Homme. Elle n'est pas une chose venue de l'extérieur: ce qui chez l'animal devient animal, c'est ce qui chez l'Homme devient homme. La différence est fonction de la disposition naturelle ( isti'dàd ). Quant à la substance qui se sépare du corps, elle est celle qui apparaît dans cette forme : elle ne se corrompt pas avec la corruption de la forme, mais la forme se transforme en elle qui est subsistante. Elle ne peut pourtant se dispenser d'une certaine forme; car sans celle-ci, il n'y a pas pour elle de détermination particulière. "A nous de nouer des liens et de tendre la main, et aux amis (à nous-mêmes) de faire l'effort. Le monde du cour est lui-même illimité: à chaque instant, il montre un visage particulier, selon la circonstance. Il ne fait pas se hâter, parce que pour choque fruit de la vie existe une période (fixe). Toutefois il faut se hâter dans l'effort [49] et dans l'essai, et il ne faut y apporter aucune négligence" [50] . Sache que les puissances des sphères célestes, les puissances élémentaires et tout ce qui y ressemble sont des anges. Et la parole des prophètes à leur sujet doit être interprétée dans le sens que je dis, et non comme le prétend le vulgaire ignorant. Sache que l'essence de Dieu en son fond ne peut pas être connue en ce sens que, dans l'essence de Dieu sont inscrites les images de ce monde et quantité d'autres: elles s'y trouvent sans aucune limite. Et elles y sont manifestes et ne subsistent que par Lui, elles et quantité d'autres s'y trouvant sans limite (ni fin), successivement (c'est-à-dire, les images se succèdent, au fur et à mesure de leur existence), et elles ne se tiennent que par Lui. Qui peut donc parvenir au fond de l'essence de Dieu alors qu'Elle est tout ce qui paraît. Sache donc que l'existence absolue est l'Etre nécessaire par soi, car il n'est pas admissible que Son existence soit empêchée à cause d'une divergence entre l'existence et la non-existence. Par conséquent, l'une ne peut pas devenir l'attribut de l'autre. Donc il n'est pas possible que l'existence soit inexistante et, à plus forte raison, impossible qu'elle soit empêchée. De même, il n'est pas possible que la non-existence soit existante, et à plus forte raison qu'elle soit nécessaire. Et il n'est pas admissible qu'elle soit possible par une possibilité particulière, car cela exige qu'elle obtienne l'existence de quelqu'un d'autre; donc elle sera inexistante par elle-même, sans égard au fait de son existence. Par conséquent, elle aura l'attribut de l'inexistence, en tant que considérée en elle-même. Et c'est impossible, comme nous l'avons déjà signalé. De même, il n'est pas permis que cette autre chose soit existante. Autrement, il en résultera nécessairement que la réalisation de l'existence ait lieu avant sa réalisation. Car le but recherché est l'existence absolue. Et c'est impossible. L'inexistence absolue ne donne existence à aucune chose. Il est donc établi que l'existence absolue est ce dont l'existence est nécessaire, car l'existence du Tout est à cause d'elle. Il s'agit là de Dieu, le Très-Haut. Tout est Sa manifestation, cependant qu'il est Lui-même ce qui apparaît et ce qui se rend manifeste ( muzhir ). Sache que l'existence absolue, et il s'agit là de Dieu ( La Vérité Créatrice ) n'est en chaque degré dépourvu de l'une de ces deux choses: premièrement pouvoir être efficace et agir - deuxièmement être objet d'efficience et objet d'action. Vu la première chose, on l'appelle Dieu, et vu l'autre, on Lui donne les noms de "monde", "création", "nouvellement venu en existence". Comprends donc que l'existence pure, non mélangée, est au-dessus du fait d'être sans entrave ou entravé, elle n'a pas à réunir et à lier les deux, une telle existence est uniquement Dieu-Vérité. Il n'est ni universel ni particulier, car la qualité d'être universel ou particulier est en raison une relation qui vient en second lieu selon que l'on considère l'association ou l'absence d'association de plusieurs choses, ce qui est précédé par la Réalité en tant qu'elle est la réalité prise en dehors de toute autre considération, en portant ses regards sur la réalité en tant que telle, sans égard à toute autre chose, bien qu'elle ne puisse pas être dépourvue de l'une de ces deux qualifications, en raison d'une relation venant en second lieu. Donc l'existence pure, au-dessus de tout ce qu'on vient de mentionner, c'est l'Ipséité ( Huwiyya ) [51] . Au-dessus de cela il n'y a aucun autre degré: Il est au-dessus du tout, le tout vient de lui, Il est le Tout, et le tout est Lui. En un tel degré de l'Existence, il n'y a ni qualité d'être le premier ni qualité d'être le dernier, ni d'être apparent ni d'être caché [52] , et ainsi de suite pour ce qui reste. Car on le considère etranché de tout. L'affirmation de la réalité du tout à partir de Lui est en raison d'une considération qui vient en second lieu. Il n'y a donc là ni éternité à parte ante ni éternité à parte post. Car l'éternité à parte ante et l'éternité à parte post sont la même chose en Lui. On peut considérer Dieu de deux manières: ou bien une considération sans détermination essentielle (et dans ce cas on L'appelle Unique " ahad " et à Lui appartient La majesté, de ce point de vue), ou bien une considération avec détermination (et alors on L'appelle Un " wahid ", à Lui alors la Beauté , de ce point de vue. On emploie pour exprimer ces deux aspects le terme "les deux mains". De même on emploie le terme "les deux mains" pour chaque groupe de deux attributs opposés de Dieu, comme Caché et Apparent, comme "qui replie" et "qui étend", et ainsi de suite. Il est fait allusion à chacun des deux attributs opposés à propos de la création d'Adam par Ses deux mains [53] . Ainsi la forme de l'univers et la forme de la Vérité Créatrice sont Ses deux mains. Mais Dieu sait mieux. Le Prophète a dit: "Dieu a créé Adam à Son image ( sûra ); La Bible le mentionne pareillement [54] La signification en est qu'Il a créé Adam à Son image ( sûra ) parfaite. On veut dire par là que cette forme (dura) a un sens spirituel, abstrait ( ma'nawiyya ), et non pas sensible ( hissiyya ). Donc, pour la Vérité Créatrice , le Très Haut, il n'y a pas, dans le degré de la Seigneurie ( rubûbiyya ) et de la Divinité ( ulûhiyya ), de forme sensible. Elles sont au-dessus de cela. Sa forme sensible fait partie des réalités de l'univers. Quant à forme spirituelle et cachée ( bàtniyya ) elle est à son image; ces deux formes sont ses deux mains, avec lesquelles Dieu a créé l'Homme, et qui sont citées dans la parole de (Dieu), Le Très-Haut: "...qu'est-ce t'a empêché de te prosterner devant ce que j'ai créé de Mes mains?" [55] C'est pour cela que le Très-Haut a dit: "'étais son ouie et sa vue" [56] et non ses oreilles et ses yeux. Allah, le Très-Haut, a dit: "Nous avons proposé le Dépôt ( amana )..." [57] , ce que est une allusion à l'image divine qui réunit en soi le tout, qui a créé Adam sur son propre modèle et avec laquelle Adam est devenu khalifa (Vicaire de Dieu sur la terre). Les rêves,les événements et ce que l'on voit en matière d'images et d'autres choses similaires sont de manière visible au nombre de ce qui indique les degrés de la ma'rifah (la connaissance) et du tawhîd (l'affirmation de L'Unité divine) Ils sont une allusion au tawhîd afin que le progressant ( sâlik ) se réveille et qu'il trouve (ce qu'il cherche) dans ses efforts. Il se peut qu'il arrive ainsi au but le plus éloigné qui est le tawhîd fruit d'un état mystique et le plus éloigné qui est le tawhîd fruit d'un état mystique et d'une connaissance savoureuse ( al-tawhïd al-hâli al dawgi ). Ce ( tawhîd ) se différencie de ce qui est signalé par la beauté des événements et choses similaires qui mettent en évidence le tawhîd . Car, entre les deux, il y a un grand intervalle que connaît seulement celui qui parvient à son but ( Wâsil ). Par exemple, lorsque le progressant, sans être dans le sommeil, perd connaissance, il fait l'expérience que son corps se déploie et s'élargit jusqu'à ce qu'il remplisse tout l'univers. Et il est en lui-même spectateur de montagnes, d'arbres, rivières et de jardins ainsi que tout ce qui existe dans le monde. Il voit en lui-même qu'il est le tout lui-même. Et il de professe. Quoi qu'il voie, il dit c'est Moi; et il ne voit rien d'autre que sa propre personne. Quel que soit l'objet vers lequel il porte ses regards, il voit qu'il est lui-même. De même, il voit en lui-même l'atome et le soleil, et chacun d'eux est l'autre lui-même. Il ne fait pas de différences entre eux. Il voit le temps comme une réalité unique où n'existent ni début ni fin, ni post éternité ni prééternité. Alors, il s'étonne de ce qu'on dit: "Cela est le temps d'Adam et cela est le temps de Muhammad (le salut soit sur eux)", étant donné qu'il a vu la négation dé l'antériorité et de la postériorité, et que le temps ne change pas. Il voit (le temps en tant que) tout comme s'il est un moment unique. Après, (au moment où) il s'éloigne de cette vision des choses et de la pluralité et passe à un autre état, il s'y penche tantôt sur l'existence de l'univers, tantôt sur son inexistence. Et il y voit que toutes les choses, y compris l'observateur lui-même, restant désorientées ( Hayrân ) [58] Puis, il voit que le tout est devenu un pur néant à tel point qu'il ne peut plus le qualifier. Ensuite il voit le monde de pluralité dont une partie est dans l'autre. Il s'arrête pendant une heure dans cette pluralité;et enfin il se réveille en reprenant connaissance. Ce sont des événements que certains de mes amis ont vécus. Ce qu'on a mentionné à propos du "non-être absolu des choses" est une allusion à " al-Ahadiya " [59] . Ce que l'on a mentionné à propos de "se pencher une fois sur l'existence et une autre fois sur l'inexistence" est une allusion au degré de " al-Wàhidiyya " [60] . Ce que l'on a mentionné à propos de la "pluralité" est une allusion à " al-tajalli al suhildi " [61] . Ce que l'on a mentionné à propos de "pour toute chose qu'il voit, il dit qu'elle est Moi" est une allusion à " al-tawhid " [62] . Tout cela est un ensemble d'avertissements sur la Vérité Créatrice. Pourtant, ce qu'on entend par tawhid al-hàli al dawgi ou tawhid immédiat et instinctif n'est pas cela. C'est plutôt une chose qui est au-dessus de cela. Le progressant ( sâlik ) la trouve par son "goût" (ou "connaissance savoureuse"), comme si les choses étaient liées à lui, ou plutôt comme si elles étaient lui-même. Il n'est pas possible d'enseigner ce degré par la description: Celui qui ne le goûte pas, ne le connaîtra jamais. A partir de cela le tawhid se divise en trois: a) un tawhid relatif à la "science", c'est celui que l'on acquiert par les paroles (transmises) et les livres, b) un tawhid communiqué par Dieu, le Très-Haut, c'est celui (qu on acquiert) par les rêves, par les événements et par l'inspiration divine; ce dernier est au-dessus du premier. c) un tawhid immédiat et instinctif, c'est celui qui est plus élevé que tous les autres, celui, qui est l'objet de la recherche (mystique). Lorsque le tasawwuf est complètement achevé, c'est l'hypocrisie qui commence, (car), dès que le vrai mystique ( sûfi al-haqisi ) a connaissance de ce qu'aucun oeil n'a vu, qu'aucune oreille n'a entendu, ainsi que de ce qui n'est jamais venu à la pensée d'aucun homme, il fait paraître aux gens ce qui est à leur portée, et ce dont leur raison peut saisir le sens. Il enferme dans son coeur une chose telle que si les gens le découvraient, ils le tueraient. Comment donc (croire) qu'il ne soit pas hypocrite! C'est à cela qu'une parole de al-San' al-Sagati (La miséricorde de Dieu, le Très-Haut, soit sur lui): le nom de mutasawwif (adepte du soufisme) a trois significations: le mutasawwif ou celui dont la lumière de la connaissance n'éteint pas la lumière de la continence ( Wara ) [63] celui qui ne profère pas de paroles aux sens cachés sur la science ( 'ilm ) que contredit le sens manifeste du Livre [64] ; celui que prodiges ( Karâmât ) [65] ne le poussent pas à déchirer les voiles (qui couvrent) les mystères interdits ( mahârim ) de Dieu, le Très-Haut". On peut répliquer que le chercheur de la Vérité ( muhaqqiq ) croit aussi fermement à ce qu'il proclame, et que là, il n'y a pas d'hypocrisie. Ce qui est étonnai c'est qu'il réunit deux choses contradictoires ( mutabâyanayn ) dans la croyance ( i'tiqâd ). Mais ce n'est pas une chose étonnante, parce que chacune de ces deux choses est vraie à sa place. Sache que les gens de la Vérité ont des interprétations diverses dont on ne peut attendre la guérison [66] et il n'y a pas lieu de les citer ici, sur (les expressions telles que) la science de la certitude ( 'ilm al-yaqin ), l'essence de la certitude ( 'ayn al-yaqîn ) et la réalité de la certitude ( haqq al-yaqin ). (D'après) ce qui fut dévoilé et apparut à ce faqir , [67] il est certain que ces expressions ne sont pas propres attribuées au seul tawhid , mais elles existent sans aucun doute dans d'autres cas comme la générosité et la bravoure. Par exemple, lorsqu'on (la) [68] connaît non par le témoignage de la vision mais par l'audition grâce aux dires qui circulent dans le public, c'est la "science de la certitude". Si on (la) connaît par le témoignage de la vision, c'est 1"'essence de la certitude". Si (elle) émane de soi-même, c'est la "réalité de la certitude". Donc, la "science de la certitude", c'est la connaissance ( ma'rifa ) qui ne comporte aucun doute mais qui est (obtenue) sans qu'on ait vu de ses propres yeux. Et 1"'essence de la certitude", c'est la connaissance par le témoignage de la vision. Quant à la "réalité de la certitude", elle est son "être-cela" même ( Kawnuhu ), par conséquent sa vérification est dans le tawhid , du fait qu'on dit: Si l'on sait l'existence de la Vérité Créatrice , le Dieu, Très Haut, en ce sens qu'il n'y a pas de fà'il [69] autre que Lui. Par argument démonstratif, sans qu'il y dit de doute en cela, c'est la "science de la certitude". Si cela est su par une vision directe ( shuhûd ) par une vue ( ru'yat ), par une témoignage de la vision, par constatation de vision ( 'Iyân ) et par un dévoilement ( Kashf ), cela est 1"essence de la certitude", Ces explications se rassemblent en une seule, qui n'est autre chose que la perfection de la connaissance ( ma'rifa ), et qui ne dépend pas d'une vue et d'une expérience en rapport avec la regard sensible, parce qu'elle est dégagée au-dessus de tout modèle, de tout ressemblance et de toute figure. Donc, si on connaît que l'existence n'appartient à rien d'autre que Lui et qu'Il est l'existence tout entière, c'est la "réalité de la certitude", parce qu'elle se réalise comme vrai par la Vérité Créatrice , et qu'alors il ne reste plus pour elle d'existence, car il est certain que l'existence tout entière appartient à Lui, le Très-Haut. Cela veut dire que l'invocation ( dikr ) [70] , celui qui invoque, ( dàkir ) et l'invoqué ( madkûr ) sont tout un, c'est qu'il n'y a d'existence que celle de la Vérité Créatrice , le Dieu, Très-Haut. Ces trois choses n'en font qu'une selon la vérité de l'existence. C'est cela qui est la "connaissance de la certitude". Quant à la "réalité de la certitude", elle est le fait que le progressant ( sâlik ) s'est réalisé par là en vérité. Alors, il me trouve dans cette "station (spirituelle)" ( Maqâm ). Il est certain que l'invocation extériorisée par [71] la langue n'est que l'image de la vraie invocation. Tu trouves donc la vraie invocation, dans un état tel que le coeur ( qalb ) est "informé" par la forme ( sakl ) de l'invocation. De ce point de vue, le coeur s'appelle invocation. Le coeur est une vérité. Cependant le tout est unique; l'exemple en est que l'eau prend une forme particulière par l'effet de souffle du vent (qui passe) sur elle et que (cette forme) se nomme vague, a lors qu'il n'y a, en réalité, rien d'autre que l'eau. Il en est ainsi de la relation entre le cœur et l'invocation. L'invocation saisit tout le cœur. Alors, le cœur devient totalement invocation. Quant à l'invocation qui est extériorisée par la langue, elle est l'image de cette invocation qu'est le cœur avec cette forme, bien qu'il soit dégagé de la forme; mais, d'une manière générale, cela nous est imposé ainsi. D'où il s'ensuit que deux pensées ne se réunissent pas dans le cœur d'un seul corps, parce que chaque pensée se présente, et à ce moment-là le coeur devient totalement cette pensée. Il ne peut pas contenir d'autres choses que celle-là tant qu'il reste à ce degré; comme l'eau de mer qui s'agite sous l'effet du souffle d'un vent particulier, cependant que, tant qu'elle reste dans cette forme de la vague il est absurde de l'imaginer sous la forme d'une autre vague. Comprends bien que tout cela (constitue une question) subtile, de telle sorte que je n'ai été devancé par personne à ce sujet. Cela appartient à Lui, le Très-Haut, qui sait le mieux. Une observation: je me trouve parfois moi-même comme si j'étais une chose qu'on ne voit pas, étant donné qu'elle est au plus haut degré de la subtilité ( Latâfa ). Mais, c'est la forme corporelle qui est cause que je deviens visible. Donc, cet-te forme corporelle est la forme de cette "substance subtile". La première n'est pas en opposition avec la seconde, au contraire, cette "substance subtile" se manifeste par cette forme. En effet, on la sent, comme la vapeur subtile qu'on ne voit pas à cause de sa subtilité avant qu'elle se condense. Car, lorsqu'elle se condense, elle se transforme en nuage, et c'est alors qu'on la voit. La forme du nuage n'est pas en opposition avec cette vapeur subtile; au contraire cette dernière est le nuage lui-même; mais elle est devenue plus dense, et on ne peut lui ajouter une autre existence. Il en est ainsi de la "substance subtile" qui se trouve dans les individus (humains). Elle se condense, et elle devient la forme visible. Cela est un exemple figuré afin de porter notre attention sur ce que nous avons dit à propos du témoignage de la vision, mais il n'y a pas entre les deux cas une ressemblance à tous les points de vue. De temps à autre, l'image de certaines personnes se présente à mon coeur ( qalb ) [72] comme si elle s'(y) mettait à briller; moi, à ce moment-là, je me trouve occupé, plongé dans la lecture. Alors, cette pensée se saisit et me tient occupé de l'image de cette personne. Et chaque fois que je la repousse de mon coeur, elle ne s'éloigne pas. Ensuite, le lendemain cette personne me rend visite et je la vois réellement. Le Prophète, le salut soit sur Lui, a dit: "il ne reste de la prophétie que des bonnes nouvelles" [73] . De même, il a dit: "La vision sans défaut ( al-ru'ya al-saliha ) est l'une des quarante six parties de la prophétie" [74] . Donc, le Prophète la considère comme une partie de la prophétie. Alors, il convient au chercheur ( tâlib ) qu'il ne s'en sépare pas [75] non plus que de son expression, car il s'y trouve des avantages considérables. On connaît, grâce à elle [76] , la plupart des mystères ( mughayyibât ). Les facultés [77] du progressant ( sâlik ) (portent à la fois des caractères) de santé et de dépravation; il en est ainsi des facultés des gens de la"vision sans défaut", laquelle est une des lumières de la Vérité Créatrice , afin qu'elle éclaire celui qui la possède. Une nuit, je me suis senti "enchaîné" par cette lumière. Une extase ( wajd ) m'a saisi. J'étais dans un trouble intense. Cela a produit en moi une distraction [78] , une agitation ( 'idtirab ) et un grand plaisir ( al-lâddat 'azim ); j'ai commencé, dans cet état, à réciter la strophe suivante: Exalte toujours la Gloire de Dieu, ô moi! Ô âme! Avec diligence éteins-toi! Ne connais personne Sauf le Grand Seigneur, qui suffit à Soi. II y avait autour de moi un groupe d'étudiants en Droit Musulman ( al-talabât al-Fugaha '); ils ont été impressionnés par mon état et m'ont respecté. Parmi eux se trouvait Mawlânâ Sayf al-din, professeur ( mudarris ) à la Madrasa de Barquqiyya en Egypte, ainsi que son fils. D'abord, j'ai vu Mawlânâ-zade, professeur à Shaykhuniyya [79] ; je l'ai regardé une deuxième fois; alors j'ai constaté qu'il était Sayf al-dm dont on vient de parler. Sache que la permutation de l'image, c'est-à-dire le fait qu'il y a une personne et qu'ensuite elle en devient une autre, est comme une chose unique, laquelle est vue tantôt comme telle personne, tantôt comme telle autre personne. Cela montre que ce qui était, c'était une intention en rapport avec ce groupe (des étudiants) et non en rapport avec cette personne particulière, et que le but qui était proposé ne se rattachait pas à cet-te personne; et même qu'il y avait autre chose sur laquelle l'attention était attiré dans cette image, en raison de la relation avec ce qui est aussi un signe du tawhid . Dieu, le Très-Haut, dit: "Et (le Seigneur) apprit à Adam tous les noms, puis Il les présente aux Anges,..." [80] . Il s'agit ici des Noms de Dieu. (Cela) est une allusion au fait que le mazhar parfait pour les Noms de (Dieu), le Très-Haut est L'Homme parfait, et non pas les Anges; c'est pourquoi Il les apprit tous à l'Homme parfait. C'est-à-dire que ce ne sont pas les Anges, mais l'Homme qui a pris le caractère de ces Noms. Cela, c'est l'honneur, non pas la connaissance des lettres placées en face des choses dénommées comme "pierre" et "appui". Car il est certain que ces lettres sont faciles (à apprendre). On ne peut pas prétendre donc qu'une rivalité de gloire eut lieu pour des choses semblables entre Adam et les Anges. Les Anges auxquelles on a confié les cieux, la terre, les éléments et des choses similaires, ne consistent qu'en forces ( al-quwwâ ) établies dans ces réalités créées. C'est de ces forces qu'émane par elles-mêmes, ce que la Vérité Créatrice leur demande. Ils ne manquent pas, le temps d'un clin d'œil, d'obéir au Seigneur ( al-Rabb ). C'esst cela qui d'ailleurs est leur acte de glorification ( tasbih ) dans la prééternité ( azali ) et de la postéternité ( abadi ). A cela fait allusion une parole de Dieu, le Très-Haut, "Les sept cieux L'exaltent ainsi que la terre et ceux qui s'y trouvent. Il n'est aucune chose qui n'exalte Sa Lounga mais (infidèles), vous ne comprenez pas leur acte de glorification. Il est longanime ( haIîm ) et absoluteur" [81] . Quant aux satans ( al-shayatin ) qui circulent dans l'homme comme le sang, ils consistent certes en forces qui sont établies dans l'Homme et qui désignent l'âme animale" [82] (agissant) conformément à leurs passions ( sahawàt ). Ils contrarient donc La Loi divine ( shari'a ) et la Vérité Créatrice. C'est à cela qu'il est fait allusion par une parole du Prophète, le salut soit sur lui," (le satan) circule comme le sang". O ignorants! Vous ne comprenez ni la langue ( lisân ) de la Vérité Créatrice ni (celle) des prophètes ( al-anbiyâ' ) ni (celle) des saints ( al-awliyâ ). N'est pas une réalité ce que vous imaginez grâce à l'exiguïté de votre raison, au trouble de votre intérieur, ainsi qu'à votre insouciance de l'Au-Delà, et à votre avidité pour ce bas-monde. Vous êtes dans l'ignorance des Réalités. Mais votre justification ( salàd ) réside dans votre erreur. C'est pourquoi le législateur ( al - Shâri ) [83] en a fait de la sorte une cause d'indulgence envers vous, parce que vous ne pouvez être dirigés dans le droit chemin que si vous êtes en état d'ignorance, de même que vous n'êtes mis dans la bonne voie au sujet du problème de la prédestination ( al-qadr ) qu'en raison de votre ignorance en cette matière. C'est pour cela que vous êtes rendus aveugles à ce sujet, mais non pas parce que les prophètes et la totalité des saints n'ont pas la Connaissance. Il est certain qu'ils connaissent les Réalités comme (ils connaissent) le soleil et ils l'ont appris avec certitude. Mais, étant donné la faiblesse de la raison ( 'uqûl ) ils ne les font pas paraître aux hommes (ceux qui le demandent) de catégorie inférieure. Et toi, si tu clarifies ( sufla ) [84] ton intérieur, peut-être comprendras-tu quelque chose de ce qu'ils disent [85] . Il convient au disciple ( tàlib ) de regarder ses oeuvres et ses perfections les plus grandes comme (une chose) minime, ainsi que ses péchés, ses vices et ses maux les plus petits comme (une chose) grande; sinon pas d'espérance à son égard. Sache qu'il convient au serviteur ( al-'abd ) de considérer le Coran en ce qu'il rapporte [86] de ce qui s'attache aux affaires de ce bas-monde et aux moyens d'y vivre, ainsi qu'en ce qu'il rapporte de ce qui s'attache aux affaires de l'Au-Delà. De même, il lui convient de savoir la proportion entre les deux, ainsi que de partager selon cette proportion la durée de sa vie entre le soin des sciences de l'Au-Delà et celui des sciences d'ici-bas. Le Coran se divise en trente parties. De celles-ci, ce qui s'attache aux moyens de vivre dans ce bas-monde constitue l'une de ces trente parties, un peu plus ou un peu moins. Quant au reste, il ait 29 parties dont la totalité à peu près appartient à l'Au-Delà. La révélation du Coran selon cette proportion est un avertissement aux serviteurs pour que leurs occupations de ce bas-monde et de l'Au-Delà, ainsi que pour l'occupation des savants en ce qui concerne les sciences de ce bas-monde et celles de l'Au-Delà respectent cette proposition. Mais Dieu, le Très-Haut, sait le mieux. Cela est une idée qui surgit par les inspirations de la Vérité Créatrice ( wàridât al-Haqq ). Sache que les noms, les attributs, les actions, dépendent tous des dispositions naturelles ( isti'dâdàt ). Si ces dernières n'existaient pas, rien de cela n'aurait lieu. Ce qui m'a annoncé ce secret, c'est le secret de la prédestination ( al-qadr ), Dieu le sait mieux. Gloire à Dieu qui m'a informé de ses affaires émanant de chez Lui et qu'on ne peut acquérir ni par la lecture des livres, ni par l'enseignement ni par une instruction formelle. Le paradis exprime le monde de la Souveraineté permanente ( 'âlam al-malakùt ). Adam, le salut soit sur lui, en est sorti; la signification de sa sortie est le fait qu'il devient par sa chute d'une complexion plus épaisse jusqu'à ce qu'il prenne cette forme. Sache que les savants (qui se consacrent) à l'Au-Delà ont déduit la voie de l'Au-Delà ( târiq al-âkhira ) et ses détails délicats à partir du Livre et de la Sunna [87] , comme les juristes ( fuqaha' ) en ont déduit la science concernant ce bas-monde et les problèmes des relations humaines ( mu'àmalat ). Si l'homme veut connaître et apprendre quelque chose de la voie de l'Au-Delà et de ses détails, il lui faut s'occuper des ouvrages ( musannafât ) spécialistes des sciences (' ahl al-akhira ), de même que lorsqu'il veut s'adonner à l'étude des problèmes de la jurisprudence ( fiqh ) il lui faut se consacrer aux ouvrages de fiqh . S'il dit: "ils firent des déductions à partir du Livre et de La Sunna ; moi en tant qu'un autre, je m'occupe de l'un et de l'autre; j'en tire des déductions; je n'ai pas besoin de leurs ouvrages ( tasânif ); ils étaient hommes et nous aussi, nous sommes hommes. "Cette réflexion gaspillera la vie et ne mènera à rien, excepté quelques indivudes. Ainsi en est-il de la voie de l'Au-Delà. Lorsqu'on ne tient pas compte de ces connaissances émanant des sens ( mahsûsât ), il n'est pas possible de concevoir l'essence de la Vérité Créatrice par la [seule] vue. Mais celui gui est éperdu ( mashghuf ) d'amour de Dieu, le Très-Haut, se la représente certainement sous une (certaine) forme pour lui. Cependant cela est rare. Le soutien est en la matière de venir vers la Vérité Créatrice avec la pureté de cœur. En effet, lorsque le coeur de l'Homme devient plus pur, le Vérité Créatrice se montre à lui dans tout son éclat en fonction de la Connaissance ( ma'rifa ), et non pas suivant la forme conçue par les sens ( al-surat al-makhsûsa) ; alors la réalité ( al-amr ) [88] se manifeste et l'incertitude disparaît. La parole de l'arbre qui est" certainement, moi, je suis Allah" [89] est un avertissement sur le fait que si l'Homme dit cela, il ne se tient pas à distance, au contraire il répond de première voie [90] . Lorsque l'univers devient Son image, toute personne qui dit: "je Le suis" est juste dans ses paroles, parce que cela fait allusion au possesseur de l'image de l'univers, et non pas à la partie de laquelle sort la parole, comme dans le cas où la langue prononce des paroles et dit: "je suis Zayd", cela est certainement une parole juste, qui fait allusion à la personne (dit) de Zayd, non pas à un certain morceau de la chair qui ne consiste qu'en langue. (Ici, alors que) ce qui se meut par cette parole est la langue, celui qui parle est la personne de Zayd. Ainsi en est-il de l'arbre ou la personne humaine, lorsqu'il dit: "je suis Allah", cela sera vrai pour tout atome,de ce point de vue que le fait de dire "je suis Allah" ne signifie pas qu'il soit permis à autrui de dire "il est Allah" ou "tu es Allah", de même que pour la langue, il est véridique pour elle-même de dire par exemple: "je suis Zayd", mais il n'est pas juste pour un autre qu'elle de dire "elle est Zayd" ou "tu es Zayd". La parole du Prophète, le salut soit sur lui, qui est: "Dieu était, et aucune chose n'était avec Lui," montre que Dieu est élevé à un degré qui est au-dessus du degré de l'Unité ( al-wâhidiyya ), puisque toutes les choses à ce degré sont prises en considération [91] . Sache que la génération ( al-kawn ) et la corruption ( al-fasâd ) n'ont ni commencement ( azali ) ni fin ( abadi ). L'ici-bas et l'Au-Delà sont relatifs. Donc, "l'extérieur" ( al-zâhir ) est l'ici-bas périssable, et "l'intérieur" ( al-bâtin ) est une fin ( 'uqbà ) impérissable [92] ; tous les deux existent ( mawjudân ) donc sans commencement ( azalan ) et sans fin ( abadan ) Mais la considération est auprès de la majorité [93] . On compara les plaisirs des perfections qui se réalisent pour le Tout aux plaisirs des hûri, des palais, ainsi que des paradis dont les noms sont employés métaphoriquement pour faire comprendre les premiers aux esprits imparfaits, ignorants et incapables d'en saisir le sens. Si l'on (leur) avait dit clairement ce qu'ils sont, leur acquisition irait à l'encontre de l'occupation de ce bas-monde et de ses plaisirs. On a agi à l'égard de ces gens par ce procédé afin qu'ils aient un plus grand désir des plaisirs de l'Au-Delà en raison de l'analogie (avec des plaisirs d'ici-bas) et, qu'ainsi, ils s'occupent des pratiques des devoirs religieux ( al-'ibàdàt ), qu'ils fassent des efforts ( al-mughàhadàt ) jusqu'à ce qu'ils parvienne au jugement ( al-hukm ) [94] et qu'ils saisissent la Vérité Créatrice. Si l'on n'agissait pas ainsi pour des hommes de la voie ( ahl-al-tariq ), ils n'y porteraient pas, au commencement même de l'affaire, leur attention, ils avanceraient alors par degrés sans connaître. Dieu dit la vérité et Il indique le droit chemin auquel on fait allusion par une parole du Prophète, le salut soit sur lui : "Prive-toi de ce qui se trouve dans les mains des hommes, les hommes t'aimeront; prive-toi de ce qui se trouve auprès d'Allah, Allah t'aimera". La promesse ( al-wa'd ) et la menace ( al-wa'id ) [95] sont une vérité [émanant] de la Vérité Créatrice , [invitant] à la Vérité Créatrice avec une vérité pour une vérité. "Meurs avant que tu ne meures" [96] afin que tu vives éternellement, parce que celui qui meurt au monde, à ses plaisirs, ainsi qu'aux passions mondaines, vit dans la vraie existence qui n'a ni de commencement ( al-azali ) ni de fin ( al-abadi ). Alors, la mort ne se présentera pas subitement à une telle vie, et on vivra éternellement. Mais ceux qui désirent la vie de ce bas monde, ne trouveront pas bon ce genre de vie. En d'autres termes, "celui qui est mort avant qu'il ne meure" s'imprègne de caractère divins et son souvenir subsiste éternellement; celui, dont le souvenir subsiste éternellement, vit éternellement Le troisième aspect est que celui qui se dépouille de l'existence partielle métaphorique, qui sait qu'il est une des sources d'eau vive de l'existence divine, et qui se joint à elle loin de tout dualisme, celui là est certes vivant éternellement, puisqu'il ne reste que l'Existence, et il lui est impossible de se qualifier par le néant. On rapporte dans une tradition ( al-khabar ) que le paradis a huit portes, et que l'enfer possède sept portes. A cet égard, il paraît que le Trône (divin) est le toit du paradis et que son sol est le " falak al-manàzil " à savoir " al-kursiyyu " [97] . Quant à la concavité du " falak al-manàzil ", c'est le plafond de l'enfer. Chacune des sphères " al-aflàk " qui se trouvent au dessous de ceux-là [98] constitue une porte. On a donc pour le paradis huit portes, parce qu'il existe au-dessous du " falak al-atlas " [99] huit sphères qui sont " falak al-manàzil ", la sphère de saturne ( zuhhal ), puis de jupiter ( al-mushtari ), puis de mars ( al-mirrîh ), puis du soleil ( al-shams ), puis de vénus ( al-zuhra ), puis de mercure ( 'utarid ), puis celle de la Lune ( al-qamar ); laquelle est la dernière des sphères. Si la concavité du " falak al-tawahit " [100] devient le plafond de l'enfer, au— dessous duquel il reste sept sphères, donc, si l'on considère chaque sphère comme une porte on en aura huit pour le paradis et sept pour l'enfer. Après avoir écrit ce-la, j'ai ouvert le Livre sacré ( al-Mushaf ) pour réciter une partie du Coran [101] , et la parole du Très-Haut est apparue: "A ceux qui auront traité Nos signes de mensonges et qui, s'écartant d'eux, se seront gonflés d'orgueil, les portes du ciel ne seront point ouvertes et ils n'entreront point dans le Jardin" [102] . Donc, cela est une allusion à ce que nous venons de dire que les cieux sont les portes du paradis; c'est-à-dire que les cieux qui consistent en portes du paradis ne s'ouvriront pas pour eux. Parmi les traditions ( akhbâr ) que l'on a racontées, au sujet de " tartib al-fawà'id " [103] , il y en a certaines qui indiquent que cela n'est pas obligatoire comme dans l'école de Shafi'i , et d'autres indiquent que cela est obligatoire. De même au sujet de " salàm " [104] certaines de ces traditions exigent que le " salâm " soit fait des deux côtés de celui qui fait la prière ( salât ) comme dans l'école de Hanafiya, d'autres signalent que le " salâm " doit être réciproque. Egalement, en matière de la "oraison de tashahhud " [105] , certaines traditions signalent la légitimité de la prière qui est assimilée à la parole des hommes telle que (la prière qu'on fait) par exemple (pour) le mariage de quelqu'un comme dans l'école de Shafi'i , et d'autres indiquent son inexistence comme dans l'école hanafite. Comme celles-ci, les traditions sont parvenues (jusqu'à nous) au sujet de la plupart des pratiques apparentes. Il est évident, pour celui qui réfléchit à des choses semblables, que le plus important de leurs efforts (doit) consister en la transformation de "l'intérieur" ( al-bâtin ) ainsi qu'en sa purification. Donc, la correction des moeurs ( tahdib al-ahlaq ) et l'effort mené contre l'apparence extérieur ( mujâhâdat al-zahir ) sont des moyens pour cela. Sous quelque forme que ce soit, lorsque l'effort se réalise, le but est atteint. C'est la raison pour laquelle cela est impossible dans les exemples que tu viens d'entendre. Les savants de "l'extérieur" ( al-zàhir ) que Dieu, le Très-Haut, rectifie leur comportement- quittèrent "l'intérieur" ( al-bàtin ) et s'appuyèrent sur des écorces. Si l'on fendait "l'intérieur" de la plupart d'entre eux, on y trouverait (aucune chose) concernant la religion, sauf l'amour d'ici-bas et le (désir) d'être le chef des hommes. Que Dieu, le Très-Haut, divulgue leur stupidité! Dieu, le Très-Haut, dit dans (la sourate) Tâha : "Ils t'interrogent sur (ce que deviendront) les montagnes. Réponds: (Mon Seigneur les dispersera totalement et Il laissera la terre (tel) un bas-fond uni où tu ne verras ni obdulation ni dépression)" [106] . Il est plausible que (ce verset) fasse allusion à l'apparition de l'Essence ( al-dhàt ) et à la divulgation du tawhid à la fin des temps. Alors, le jugement (hukm) reviendra à l'Essence ( dhàt ) Unique en qui il n'existe pas de détour, et disparaîtra donc le pouvoir absolu des montagnes des attributs ( sifât ) Et le Maître de ce temps deviendra un "muzhir" pour l'Unité absolue (al-tawhid), et il sera celui qui invite les créatures à lui; de même, il n'y aura de penchant et de détour que vers Son Mystère ( sirr ) [107] . Alors les coeurs et les " mazàhir " s'adouciront afin d'accepter les jugements ( al-ahkam ) de l'Essence qui s'appelle Allah et Rahmàn (le Clément). C'est ainsi que se manifesteront les jugements de l'Essence, et que seront cachés ceux des Attributs dont la trace cessera da paraître. Dieu, le Très-Haut, dit dans la sourate des "Prophètes": "Eh quoi! Ceux qui sont infidèles n'ont-ils pas vu que les cieux et la terre étaient un chaos [108] , que Nous les avons séparés et que, de l'eau, Nous avons fait toute chose vivante? Eh quoi! Ne croiront-ils point?" [109] . Les commentateurs de ce verset ont dit que "Les deux [110] étaient certainement joints l'un à l'autre". Moi, je dis: il se peut que l'on entende par là l'Homme; les creux désignent métaphoriquement le monde de la souveraineté permanente ( malakût ); la terre est une allusion au monde de la corruption ( mulk ); et l'Homme est une composition de ces deux [111] qui étaient une soudure ( ratq ) [112] dans une goutte (de sperme) et dans l'utérus; nous les avons dessoudés en y soufflant l'esprit ( rûh ); alors y apparurent les traces du (monde) de la souveraineté et du (monde) de la corruption. La sainteté ( al-wilàya ), c'est le fait que tu aimes Dieu, que l'amour de Dieu, le Très-Haut, domine dans ton coeur, et que tu purifies ton coeur de l'amour d'ici-bas. Ihyâ al `ùlûm [113] , Kimyâ al-sa'âda [114] et leurs semblables constituent un passage entre la science de vérification ( ilm al-tahqiq ) et de l'imitation ( taqlid ). Cela est une bonne voie pour la direction du savant. Car, parmi les chercheurs ( tullàb ), il y en a plusieurs qui n'ont pas, au commencement, l'aptitude à recevoir la pure et simple vérification. Si dès le début, on leur dit clairement ce qu'il en est des réalités, leur nature en fuit l'acceptation. Alors, ils s'écartent de la ligne droite et accusent celui qui les [115] possède de ne pas croire en Dieu. Quant à cette voie, elle est mélangée à la fois à ce qui leur convient et à ce qui contrarie leurs (idées). C'est ainsi que sans (le) savoir ils avancent par degrés comme les chiens de chasse. Sache que le Djinn est plus général que l'Ange ( malak ), satan ( al-shaytân ) et le diable ( iblis ). Tous ceux-là sourient du monde des esprits ( àlam al-arwâh ), et non pas du monde des corps ( àlam al-aghsàm ) Ils ne sont que des forces universelles ou spéciales. Les forces qui sont les moyens et les motifs du rapprochement de Dieu, de Très-Haut, sont dénommées anges ( malà'ika ), et celles qui en éloignent et font se tourner vers ce bas-monde se nomment satans. Nous avons dit que le Djinn est plus général que les anges ( màla'ik ); à cela (nous) a conduit une parole de Dieu, le Très Haut: "Ils ont établi entre Lui et les Djinns une filiation" [116] . Et les infidèles ont dit que les anges sont les filles de Dieu, ils n'ont pas dit que le Djinn et des satans sont les filles de Dieu, lequel est bien au-dessus de tout cela; cela montre que les anges sont de la catégorie du Djinn. Dieu, le Très-Haut, dit: "... Nous poussons cette pluie vers un pays mort. Nous y faisons descendre de l'eau par laquelle Nous faisons sortir toutes sortes de fruits. Ainsi, Nous ferons sortir les morts (de leurs sépulcres). Peut-être réfléchirez-vous." [117] . Cela signifie qu'il n'existe pas de différence entre ces deux réapparitions, et c'est une allusion au fait que l'être-ressucité n'est pas le corps même qui s'est décomposé, de même que les fruits existants ne sont pas décomposables mais en donnent l'impression. Dieu, le Très-Haut, a dit: "Votre création et votre rappel ne sont que comme (ceux d') une seule âme..." [118] . Ceci est une indication à propos du fait que tout l'univers avec son secret et sa clarté, avec sa hauteur et sa profondeur, est comme en seul être. La pluralité des choses est comme la pluralité des membres. De même la pluralité des membres ne déforme pas l'unicité de l'être, de même la pluralité des choses ne perturbe pas l'Unicité de l'Univers qui est l'Image de la Vérité Créatrice. Sache que le commandement divin ( al-amr ) se fonde sur les exercices de l'ascèse ( riyàdat ) [119] et sur l'effort d'ascèse ( mujàhada ) [120] et non sur l'observance. L'influence concernant les sortes d'efforts varie selon les siècles et selon les temps. C'est pour cela que les voies de la Loi ( Sharâ'i ) changent selon les époques, et d'ailleurs le cas des prophètes justifie cela. Ils sont tous d'ailleurs dans la vérité. -On ne peut pas dire du mal d'eux- Ils ne se distinguent pas (d'après) la divergence des conséquences de (leurs) voies. "Celui qui dit: (il n'y a pas d'autre divinité que Dieu Lui-même) entrera au Paradis" [121] est une Parole qui a plusieurs explications: Premièrement : C'est L'idée bien connue, des houris, des palais et ainsi de suite. Deuxièmement : Si les infidèles sont hommes de captures, pillage, tuerie et guerre, celui qui dit la Shahâda [122] en est épargné et rentre dans la forteresse sûre et ce cas est signifié par l'entrée au Paradis. Troisièmement : On se voile de ces paradis, on s'en fait un Paradis pour soi-même pour son bien et pour tous les siens. On entrera au Paradis, c'est-à-dire que l'on se préserve des calamités. Quatrièmement : Celui qui sait qu'il n'y a pas dans les deux univers et dans les deux mondes d'autres (choses) que Lui (Allah) est alors libéré de la différenciation des (choses) sensibles et entre au Beau-Paradis. Cinquièmement : Celui qui, par Lui (Dieu), se réalise et s'annihile en Dieu corporellement, de délivre de son existence sombre, troublée et infernale, entre dans l'existence du Paradis, s'y protège, plutôt demande pardon. Sixièmement : Tout comportement noble se nomme Paradis et tout comportement vil se nomme feu et Enfer. La proclamation de l'Unicité divine met dans une situation noble; l'association d'autres divinités à Dieu, met dans une situation vile. Celui qui dira: "il n'y a pas d'autre Dieu que Dieu Lui-même," passera de l'état de bassesse à l'état de noblesse. Septièmement : Celui qui dit: "il n'y a pas d'autre divinité que Dieu Lui-même" s'éloigne de l'adoration des idoles, qui sont sensibles, visibles, (s'approche) d'un dieu qui est non sensible à la faculté sensorielle ( al-hiss ), qui est caché ( ghayb ) à lui (l'homme), et il entre, (en sortant) du sensible, dans le non sensible qui est le passage vers le Paradis. C'est ainsi que se complètent les sept sens cachés. Le Coran a un (sens) apparent ( zàhir ) et un autre caché ( bàtin ). L'aspect caché (du Coran) constitue les sept sens cachés. Le Prophète, que le salut soit sur lui, a eu la révélation de tous les sens cachés des mots. Sache qu'il est juste d'exprimer le Paradis par tout état, hiérarchie et rang honoré dépendant d'ici-bas ou de l'Au-Delà. De même le feu, les vipères, les scorpions et les arbres de l'Enfer ( zaqqùm ) correspondent à chaque état et à chaque rang, bas et inintelligibles. Ce qui est dit et décrit dans les livres, et ce que l'on entend par les houris, les palais et autres (choses), est l'image de ce que nous avons déjà dit. La preuve de ces images est que, lorsque l'homme voit en songe qu'il est dans un jardin ou dans un haut palais, cela représente pour lui un honneur et l'accomplissement d'un but. Les images du rêve sont de la nature des palais de l'Au-Delà, car le sommeil est une petite mort. Et l'observation du rêve est de même nature que celle de l'Au-Delà. Réveille-toi et apprends à connaître l'Au-Delà, le Paradis le Feu, les houris et les palais, et ne sombre pas dans l'ignorance. Si tu les observes attentivement, si tu (les) connais, si tu t'en imprègnes, garde-toi de quitter et la grand-route, et l'effort d'ascèse ( mujâhada ), et les exercices de l'ascèse ( riyâda ) [123] , ceux-ci sont la source des connaissances, des découvertes, des perfections, des états nobles et des hauts rangs. Celui qui ne concentre pas son attention [124] et proclame: "Si l'ici-bas, l'Au-Delà, les houris, les palais et le Paradis sont ainsi, il n'est ni nécessaire,ni obligatoire (de s'imposer) l'effort de l'ascèse", celui là est dans l'erreur et égaré, il est donc permis de le tuer. Sache que la résurrection, chez les grands, est le fait que l'essence se manifeste et que le pouvoir des attributs prend fin. Si tu veux, tu peux dire que celui qui meurt est déjà entré en résurrection. [Quant au Rassemblement dernier ( hasr ), il est le retour à l'image de ce que l'on était (ici-bas). Je cherche refuge auprès de Dieu par ses Paroles qui ont leur achèvement dans les âmes ( nufûs ) parfaites. Je me réfugie auprès de Toi (Dieu) à l'abri de l'enfer et à l'abri de l'ignorance. Tout ce qui est parvenu (révélé) à chacun des prophètes est une vérité sur toutes les voies (qui mènent) au but. A l'époque du Prophète, il y avait une partie des gens qui croyaient (attendaient) à l'Antéchrist ( dajjal ) [125] , la fin du monde prévisible, dàbbat al-ard [126] et choses semblables. L'arrivée (la réalisation) de cet événement à leur époque, ainsi que leurs attributs, sont connus et soulignés dans le livre. Leurs prédécesseurs l'ont attendu également à leur époque, ils ont écrit des livres. Une partie de ces gens ont prévu la réalisation de cet événement en huit cent [800 après J.C., soit 1397] [Tandis que] une autre partie d'entre eux l'a fixée à l'apparition de Mahdi [127] et la fin de la sainteté ( walâya ) entre sept cent et huit cent (après J.C.) Huit cents ans se sont écoulés depuis l'époque du Prophète, que le salut soit sur lui, sans qu'aucune apparition n'ait eu lieu. Tout cela ne provient que de l'imagination du vulgaire. Désormais, des années s'écouleront sur cette superstition et rien n'arrivera de ce qu'ils ont prétendu, et la résurrection des "corps ne se réalisera pas comme ils l'ont cru. Quand la poussière se dissipera, tu verras si c'est un cheval ou un âne qui est sous-toi. Dieu, le Très-Haut, a dit: "Alors qu'Allah les tient à sa merci!" [128] . Dieu entoure l'Univers comme Il entoure Zayd et ses membres, sans faire (entre eux) aucune division; de même chaque membre de Zayd ne bouge et n'agit que selon l'ordre de son maître qui est l'agent ( fa'il ). Ses membres sont mazhir de Zayd, il se manifeste dans chaque membre selon sa finalité: ainsi en est-il de l'exemple de la main qui possède la force, les pieds la marche,la langue, la parole et les oreilles l'ouie. C'est ainsi que celui qui parle est aussi celui qui écoute, marche et accomplit un certain effort. Par conséquent, dans tous ses actes se manifeste chaque membre tout entier, et sans se dissocier des autres, car la dissociation n'est pas acceptable ici; ainsi tu ne peux pas concevoir que, lorsque Zayd frappe quelqu'un, ce dernier dise: "La main de Zayd m'a frappé" et non "Zayd m'a frappé", car la main représente une partie du corps, mais (une partie) indissociable des autres membres. Donc le nom de Zayd a été donné à ce corps qui ne tolère aucune division, quant à la sensibilité, alors que le véritable Zayd est celui que l'on a déjà cité. S'il s'exprime par chacun de ses membres, ainsi s'il frappe, écoute ou marche, le tout est attribué à une seule personne. Comme, par exemple, si chaque membre parlait, comme s'il était la langue de Zayd, cela n'impliquerait pas que Zayd soit plusieurs. De même que Dieu, le Très-Haut, donne Son Image à ce monde, de même le corps est l'image de Zayd, sans faire aucune division. Tous les actes lui sont attribués selon l'authenticité de cette constatation. Donc, il n'y a pas d'autre producteur de parole, d'action, d'audition, de mouvement et de création que Zayd lui-même. Dieu, le Très-Haut, a dit: "Si les populations des cités avaient cru et avaient été pieuses, Nous leur aurions octroyé des dons ( Barakât ) du ciel et de la terre .... [129] , c'est-à-dire que: "Si ceux qui prennent leur quote-part d'ici-bas font des efforts pour Nous, Nous leur ouvrons Nos voies du monde céleste et angélique tout en leur facilitant l'accès à l'inspiration et à tout ce qui découle de Dieu, permettant la découverte des vérités des deux monde." Le ciel est l'expression du monde angélique, la terre est l'expression du royaume. L'homme consiste en âme rationnelle ( nafs al-nâtiqa ) et en corps. Pour chacun d'eux, il existe des moyens de vie ( rizq ), de nourriture et de bien-être. Comme l'homme essaie d'en tirer profit pour son corps, de même il doit fournir des efforts pour en tirer bénéfice pour son âme. L'homme intelligent est celui qui tire profit des moyens de vivre, pour son âme. Celui qui est en dehors de cette voie est voué à l'échec. Le Prophète a dit: "A votre époque, il y a des soufflements divins, courrez donc vers ces soufflements de Dieu." J'ai trouvé parmi certaines explications concernant ce sujet que ces soufflements sont les "hommes parfaits". Le Prophète, que le salut soit sur lui, a dit:" Celui qui ai-me une société doit en faire partie." Car celui qui s'approche d'une chose doit subir sa loi. Enfin j'ai écrit ces passages des Wàridàt de Shayh Badr al din Simavï que Dieu lui soit miséricordieux! [130] [1] Juhhal est pluriel de jahil qui veut dire en arabe pur: ne rien savoir, être insensé, être sot (ignorant). Ici il s'agit de ceux qui n'ont pas la science des choses religieuses. [2] Al-amr : l'ordre, le commandement; en théologie: le Commandement divin, symbolisé par la parole créatrice Kun , "sois"; "Son commandement ( amruhu ), lorsqu'il veut une chose, c'est qu'Il lui dise: Sois! et elle est" (Coran, 36/81). Le commandement correspond donc au Verbe, le mot amr ayant du reste ce dernier sens en araméen. Les deux passages suivants du Coran affirment implicitement l'identité du Commandement et de la Parole ( kalimah ) divine ou Verbe: "Jésus est aux yeux de Dieu ce qu'est Adam. Dieu le forma de poussière, puis Il lui dit: Sois ( kun ) ! et il fut" (3/54). "Le Messie, Jésus, fils de Marie, est l'envoyé de Dieu et Sa parole ( kalimatuhu ) qu'Il projeta sur Marie, et esprit de Lui..." (4/170). Sur la relation Verbe-Esprit voir sous rûh . Al-amr prend souvent le sens de "réalité", "acte", "chose actuelle"; le Commandement divin correspond à l'Acte pur et s'oppose comme tel à la passivité pure de la Nature ( at-tabî'ah ). Le pluriel de amr, umûr signifie "réalités", par exemple dans l'expression coranique "A Lui retourneront les réalités ( umûr )" Il s'agit évidemment des réalités essentielles des choses, qui retourneront à Dieu; or, celles-ci correspondent aux multiples "aspects" du Commandement ou du Verbe divin. V.Coran, 10/3, 31; 17/85; 30/4; 33/38. [3] Malakut ( Alam al-ar-wàh ) "Le monde des (purs) esprits"; Il se distingue de Alam al-mital , "Le monde des analogies, qui est la manifestation formelle englobant le monde psychique et le monde physique (' Alam al-agsâm ). V.Coran: VII/184 [4] Awâmm : le vulgaire, le commun des hommes pour les mutasawwif; ceux qui n'appartiennent pas aux gens du tasawwuf. [5] Quand il s'agit de l'au-delà dans le Coran, en y énumère les récompenses et les châtiments. [6] Himma : La volonté spirituelle, la force de décision, l'aspiration vers Dieu. [7] Qalam : la définition de certains commentateurs pour ce mot qui se trouve dans le Coran est la suivante: La plume lumineuse qui sépare le ciel de la terre, écrit tout ce qui se produit de la création du monde jusqu'à sa fin: donc elle possède tout ce que Dieu sait. [8] Atwâr : Terme coranique, Blachère le traduit par "Stades" Coran LXXI/ 14. Pour les mystiques musulmans, il a d'autres sens: I) atwar-i sab'a (sept façons d'agir); sept étapes pendant lesquelles Dame se purifie et atteint Dieu. II) Sept points du monde intérieur d'un homme: 1) Tabi'at (caractère naturel) 2) Nafas (La psyché), 3) Qalb (centre de la connaissance) 4) Ruh (centre de l'amour), 5) Sirr (centre intime et ineffable de la conscience, le (point de contact) entre l'individu et son principe di-vin) 6) Hafa (dans le ruh, l'endroit qui reçoit les inspirations de Dieu), 7) Ihfa (l'action de voiler). YENER, Cemil; Seyh Bedreddin Vâridât, Istanbul, Elif Yaymevi, 1970 p. 63. [9] Djinn : le sens grammatical est 'l'obscurité de la nuit, caché'. Dans le Coran il est employé dans le sens suivant: 'les choses semblables à l'homme mais invisibles). Il fut créé du feu. [10] Le vrai verset que l'on veut réciter ici est le septième verset de 'AI-i'Imrân /7. [11] Ghayb : Dans tous les manuscrits des Waridàt, il est écrit que "Dieu seul connaît le mystère (ghayb), mais comme l'auteur se trompe sur le verset, il se trompe également sur ce mot qui n'est point mentionné dans le verset qu'il veut réciter (Coran III/7). Le verset en question dit que "l'interprétation ( tâwil ) de ces aya n'est connue que d'Allah..." Le sens de ghayb est insaisissable, mais pour les mystiques musulmans il a le sens 'le monde caché qui est au delà d'ici- bas, le vrai monde". Dans les manuscrits des Wâridàt, le mot ghayb précède l'article "al", d'après l'auteur c'est pour prendre le sens de ce mot dans toute son extension. [12] Pour les mystiques, toutes les créatures de ce monde sont une sorte de rideau qui cache Dieu, de même le corps de l'homme est un voile entre l'homme et Dieu. Pour atteindre Dieu et pour Le voir, il faut dépasser cet obstacle. La perfection, ( kemal ) c'est cela. [13] Cette parole divine qui est prononcée par Dieu à l'égard du Prophète David et qui est considérée par les mystiques comme un Hadis qudsi (sentence sacrée qui désigne une révélation directe où Dieu parle à la première personne par l'intermédiaire de la bouche du Prophète) est le plus fort argument ( dalil ) de la doctrine de Wahdat al-Wujud (unicité existentielle). [14] Sam'sistta:'Les mystiques entendent par ce mot: "Six lumières, six mèches qui donnet la lumière au coeur des élus". Dieu donne la lumière aux élus des six côtés (d'au-dessus, d'au-dessous et chacun des quatre côtés). Dans sa traduction de Masnawi ecrit par Mawlànâ, Veled lzbudak donne à ce mot le sens suivant: "Les cinq sens et le sixième sens". Masnawi, trad. par IZBUDAK, V; Istanbul, M.E.M. 1966, t. IV. p. 315. [15] Sâlik (adepte); celui qui est dans la voie de Tasawwuf par conséquent dans celle de Dieu. [16] Coran (XXXIII/72).. [17] Pour Mugâtil Ibn Sulaymân (m. 150/767) amâna signifie obéissance. "Se préserver sincèrement et abandonner la trahison" d'après Abu Sa-id al-Harrâz. Harrâz prend ici le mot amâna (fidélité) au sens éthique qu 'il avait chez les Arabes et non pas au sens métahistorique qu'il a dans le verset XXXIII/72. [18] al-Haqq : La Vérité ou la Réalité ; en Soufisme, al-Haqq désigne la Divinité en tant qu'elle se distingue de la créature ( al-halq ). [19] La matière, selon les falâsifa porte la forme. Elle est un hâmil . [20] L'auteur reprend l'expressino même du Coran (XXXIII/72 [21] Rahmân : Le Clément. La Miséricorde (divine); La même racine RHM se retrouve dans les deux Noms divins: ar-rahmân (Le Clément, celui dont la Miséricorde englobe toute chose) et ar-rahim (Le Miséricordieux, celui qui sauve par Sa grâce); Ar-rahmân et'ar-rahim dérivent de ar-rahman , Mugâtil traduit ruh par rahma (Miséricorde de Dieu) et rahma par ni'ma (Grâce) et dit que cette ni'ma est la nubuwa (la prophétie). Pour Harraz: "C'est avoir pitié de son âme en l'empêchant de désobéir et en la préservant derrière les remparts de l'obéissance. C'est elle, en effet, qui a d'abord besoin de pitié; celui qui n'a pas pitié de lui-même n'aura pas pitié des autres. Blachère le traduit comme La Miséricorde (LVII/13; XVII/25; XVI11/57; VI/12; 54) et Une Grâce (XXIX/50) [22] Iblis veut dire grammaticalement le trompeur. [23] Le sens étymologique du mot " Malak " est ici ramené à tort à la racine " Malaka ", qui signifie "posséder" [24] D'après certains mystiques musulmans qui sont partisans de la doctrine de Wahdat a1-Wujud (Unicité existentielle), toutes les créatures sont des manifestations de Dieu Unique. La manifestation de Dieu dans une matière (corporelle), c'est la descente; et le retour à son Royaume Divin à travers les minéraux, les plantes, les animaux, l'être humain et l'homme Universel; c'est la montée. Cette descente et montée se nomment " Dawr " (Retour). [25] Mahabba (Amour): Harrâz donne la définition suivante sur ce mot: "Vider le coeur de la douceur de tout amour autre que l'amour du Bien-Aimé ( Mahbuti )." Pour Tirmidi c'est"comme une douceur descendant du Bien-Aimé dans le fond du coeur". Blachère le traduit "Amour" Traduction du Coran XIX/96; XX/39. [26] Bàtil (faux) est opposé à Haqq (Vérité Créatrice) [27] Shaykh Najmad ad-din Râdhi connu sous le nom Daye (mort 1218), Dans son livre écrit en persan " Mirsad al-ibad min al-mabda-i ila al-ma'âd " donne l'exemple suivant: "Dieu créa d'abord l'âme de l'Homme et puis les corps; et plus tard d'autres créatures. L'âme primordiale est celle de Mohammad. Quand Dieu a voulu créer les créatures, Il créa d'abord de Sa Lumière l'âme de Mohammad et puis Il la regarda avec l'amour. L'âme a sué sous l'influence de l'amour. Il créa des gouttes de sueur les âmes des autres prophètes. Il créa de leurs âmes celles des élus, et de leurs âmes, Il créa celle des croyants. Il créa des âmes des croyants l'âme des incroyants, et des âmes de ces derniers, II créa les âmes des associationnistes et des hypocrites. Puis Il créa le monde caché et abstrait. Cette procédure est comparable à celle d'un fabricant de sucre; le fabricant fabrique d'abord le sucre candi à partir du sucre blanc, et de ce qui reste du sucre blanc, il obtient alors le sucre raffiné., le pain du sucre et le sucre en morceaux... etc. A la fin il subsiste un sédiment tout noir que l'on appelle qatara . Cela veut dire que dans le contenu du sucre, blanc, ce sédiment noir existe mais il y'est dissimulé. Ceux qui ne connaissent ri-en de la fabrication du sucre ne le savent pas et ils le nient. je mange du même repas que ma bien aimée mais elle a la joue rose; quant à la mienne, elle est jaune" (Résumé). YENER, Cemil, Véridât, Istanbul, Elif Yayinevi, 1970, pp. 68-69. [28] llâh ; le vrai sens de ce mot qui est employé ici dans le sens de Dieu, est la chose à laquelle on consacre l'adoration. [29] Ahl al-zâhir (non soufi): Avec ce mot les soufis blâment ceux qui sont en dehors tasawwuf . Ils les accusent d'essayer de comprendre toutes les choses avec l'intelligence qui s'occupe de l'extérieur, de la matière; d'après les soufis, le vrai univers, qui est caché, n'est pas accessible à l'intelligence et aux sens externes, mais c'est au coeur et à l'intuition de l'appréhender. [30] Kashf (le dévoilement); signifie en arabe l'enlèvement d'un voile ou d'un rideau. Ce terme est employé chez les soufis, dans le sens d'enlever le voile de l'être qui est entre Dieu et l'homme. ( al-fanâ fi-llah ). [31] Dans le Coran: pour avoir dit : 'Nous avons tué le Messie, jésus fils de Marie, l'Apôtre d'Allah!", alors qu'ils ne l'ont ni tué ni crucifié, mais que son sosie a été substitué à leurs yeux. En vérité, ceux qui s'opposent, à l'égard de Jésus, sont certes dans un doute à son endroit. Ils n'ont nulle connaissance de Jésus en certitude, Tout au contraire, Allah l'a élevé vers Lui. Allah est puissant et sage. Trad. de A : 4/156 (157); 4/ 156 (158). V. également le Coran; 2/81; 3/48. [32] Dhikr (invocations): Abû Bakr al-Warrâq dit: "La mémoire que Dieu fait de vous dans la pré-éternité est plus grande que celle que vous faites de Lui dans le temps, car c'est elle qui délie vos langues pour qu'elles répètent Son souvenir." Ibn 'Atà dit aussi: "la mémoire que Dieu fait de vous est plus grande, car elle est désintéressée tandis que celle que vous faites du Lui est tachée par vous inérêts, vos souhaits et vos demandes." NWY1A, (Paul) Exégèse Coranique et Langage Mystique, Beyrouth, 1970, pp. 306-307 Pour détail. v. Anawat, (G.-C.) et Gardet (L.), Mystique Musulman, Paris, 1968, pp. 187-sqq. Egalement le Coran: XIII/28, XXXIX/22, XLII/36, LXXIII/9. [33] Du'à .: Qharraz définit le dû a: "Celui qui garde le pacte et s'en acquitte sur le tapis de la sincérité et de la pureté, dans la crainte et l'espérance, celui-là, les portes de l'exaucement de la prière lui seront ouvertes sous trois formes: ou bien il obtient immédiatement ce qu'il a demandé, ou bien sa prière expie son péché, ou bien il est élevé par là à un degré supérieur. De toute manière, personne n'est perdant en servant Dieu, le Roi très généreux". NWYIA, (P.) op, cit. pp. 308-309. [34] Il s'agit évidement de Dieu. [35] C'est l'action de se diriger vers quelque chose. [36] Abu Ali bin Sina (Avicenne): un grand philosophe et médecin musulman du 11e siècle. [37] Coran xiv/27 et v/1. [38] Hadith [39] Idée de Bistami, cité par Gilàni dans " al-Insân al-Kamal " et par Ibn al-'Arabi [40] Coran XXVIII/88 [41] Terme coranique, voir XXIX/64 [42] Un Psaume dit; "Ils doivent louer Son Nom en dassant en cercle, avec des tambours et des harpes". On sait que la danse sacrée existe dans l'ésotérisme judaique; elle y trouve son modèle dans la danse du roi David devant l'Arche d'Alliance. L'Evangile apocryphe de l'Enfance parle de la Vierge enfant sur les marches de l'autel; certaines coutumes folkloriques permettent de conclure que ces modèles ont eu leurs imitations dans la chrétienté médiévale. Sainte Thérèse d'Avila et ses moniales ont dansé au son de tambourins. "Pendant le samkîrtana ("concert spirituel", l'équivalent hindou du saura musulman ou plus précisément de la hadrah ou imàrah ), ne faites pas attention à la danse et à l'accompagnement musical, mais concentrez votre esprit sur son Nom… Quand vous prononcez le Nom de Dieu, votre esprit se met à apprécier le samkîrtana , et la musique de celui-ci prédispose l'esprit à la contemplation des choses divines. Tout comme vous devez célébrer des pûjas et prier, il faut aussi prendre part à des samkîrtanas ". Mâ Ananda Moyî , Aux Sources de la joie. (Adrien-Maisonneve). (3) (4) [43] Faqîr ; En soufisme, celui qui se donne entièrement en Dieu, qui n'a plus ri-en, même pas son corps. [44] Le concept du Waqt prend, chez Niffai7; une signification qui fait rupture avec l'idée que s'en font d'ordinaire les théologiens et les soufis. "Pour l'Islâm qui est occasionnaliste et ne saisit la causalité divine que dans son "efficience" actuelle, écrit Massignon, seul existe, l'instant, hîn ..., annonce laconique d'une décision judiciaire de Dieu, conférant à notre acte naissant son statut ( hukm )" (" le temps dans la pensée islamique ", Opera Minora, t. II. p. 606). Ainsi l'expression "être le fils de son temps" signifie-t-elle vivre dans l'instant présent qui révèle la volonté de Dieu. Chez Niffari, il y a, à côté de cela, l'idée d'un temps qui est une histoire dans laquelle s'annonce et s'accomplit la venue de Dieu. NWYIA (P.), op. cit. p. 402. [45] Coran XLVII/36 [46] Coran, LV/19-20 [47] ' Ulamâ-i rusûm : Les savants qui prennent leur décision en regardant l'extérieur des objets. Les soufis les blâmaient. Ils sont durs et incompréhensifs. [48] Coran, XV/29 [49] Jihâd : La guerre annoncée par celui qui veut supprimer son corps, qui est le plus grand obstacle pour atteindre Dieu et qui est en écran corporel cachant Dieu, et qui veut réduire ses passions, contre lui-même. [50] Ce paragraphe est en persan dans tous les manuscrits des Wâridàt. [51] Huwiyya : qui se traduit par: c'est Lui; qualité d'être Lui. [52] Cf. Coran LVII/3; "II est le Premier et le Dernier, l'Apparent et le Caché. De toute chose, Il est omniscient". [53] Coran, XXXVIII/75 [54] Cf. Genèse, I/26 [55] Coran XXXVIII/74 [56] Hadith qudsi [57] Coran XXXIII/72 [58] Hayrân: la perplexité, Blachère le traduit "égaré", Cf. Coran VI/71. [59] Unité qui veut dire en soufisme l'Unité Suprême qui ne fait l'objet d'aucune connaissance distinctive, qui n'est donc pas accessible à la créature comme telle; ce n'est que Dieu Lui-même qui se connaît dans Son Unité, comme état spirituel, l'Unité comporte l'extinction de toute trace du créé. [60] Unicité (divine) qui se distingue de l'Unité ( ahadiyya ) divine qui se soustrait à toute connaissance distinctive, tandis que l'Unicité apparaît dans le différencié, de même que les distinctions principales apparaissent en elle. [61] Le dévoilement de Dieu à l'homme par une illumination qui Le fait voir dans l'éclat de son essence. [62] Doctrine qui consiste à ne voir en Dieu et dans toute la création qu'une seule existence. [63] Action de s'abstenir de ce qui est douteux ou suspect, de peur de commettre une chose illicite. [64] Il s'agit évidemment du Coran. [65] Karâma , c'est le miracle que fait un homme saint ( Wali ) qui n'est pas prophète. Mu'ghiza , c'est le miracle opéré par un prophète. Aya c'est un mi racle, signe que Dieu fait éclater. [66] Traduction littérale-on entend par là: ils sont auteurs d'explications diver ses, qui ne sont pas satisfaisantes. [67] Ascète musulman. Il s'agit ici de l'auteur de ce présent [68] Bravoure. [69] Celui qui fait l'action, agissant. [70] Dikr , c'est l'invocation fréquente de Dieu, l'action de prononcer solennelle - ment les noms et les attributs de Dieu. [71] Littéralement "sur la langue". [72] Le qalb est l'organe de l'intuition supra-rationelle, qui correspond au cœur comme la pensée correspond au cerveau. [73] Hadith [74] Hadith [75] C'est-à-dire "de la vision sans défaut" (al-ru'yâ al Sàliha ). [76] C'est-à-dire "de la vision sans défaut" ( al-ru'ya al Sâliha ). [77] Nous traduisons par" les facultés" le terme ahwàl qui est à notre avis le pluriel de " hawl ", non pas celui de hâl . [78] Ghaybat : Distraction, absence, état de celui dont l'attention est tellement absorbée par quelque chose, qu'il demeure étranger à tout le teste. [79] Madrasa al-Shaykhuniyya; D'après "Manakibname", Shaykh Badr aldin était logé dans une cellule de cette Madrasa en Egypte à l'époque où il y faisait ses études. [80] Coran; 11/31. [81] Coran XVII/44. [82] al-nafs al-hayawâniyya : c'est-à-dire l'âme,en tant qu'elle obéit passivement aux impulsions naturelles. [83] al-Shâri : c'est celui qui institute, établit une loi d'origine divine (législateur, prophètes, Dieu). [84] II s'agit de la âmma dont parlent souvent les mystiques. [85] Les prophètes les saints. [86] Littéralement: ce qui est venu avec celui-ci. [87] Sunna (coutume, tradition); 'l'affadissement du monde et l'amour des compagnons du Prophète (Sahâba)". Kharràz définit ici ce qu'est l'essence d'un style de vie conforme au style de vie ( sunna ) du Prophète. Nwyia (P.) op. cit. p. 309. [88] Al-amr prend souvent le sens de la "réalité", "acte", "chose actuelle", Burckhardt (T.), op. cit. p. 163. [89] cf. le Coran, XX/9-14. Il s'agit de l'histoire de Moise du buisson ardent. [90] On fait allusion à la phrase précédente: " la Vérité Créatrice se manifeste à l'homme en fonction de la Connaissance ". [91] Les mystiques, comme Ibn al-'Arabi par exemple, distinguent nettement entre la " ahadiyya " qui n'appartient qu'à Dieu, et la " wahidiyya ". [92] C'est-à-dire, c'est la vie future. [93] Cela veut dire: "Mais l'instruction se tire de ce qui est le plus fréquent", c'est-à-dire que ce qui instruit l'homme; c'est le spectacle constant de la génération et de la corruption qui se succèdent en ce monde. [94] Dans une autre variante de notre texte, nous trouvons à la place de " al-hukm " le terme " al-hilm "; dans ce cas-là, il faut traduire cette phrase subordonnée de la façon suivante: "jusqu'à ce qu'ils parviennent à la longanimité." [95] Les deux termes qui proviennent de la racine W. A. D..'" al-W'd " se disent plus particulièrement des promesse de récompense aux bons, tandis que " al-wa'id " signifie les menaces de châtiments éternels. [96] C'est une célèbre phrase des mystiques musulmans. Ici, le verbe " mata " (mourir) est employé d'abord au sens figuré, ensuite au sens réel. Au sens figuré, il est l'abandon des jouissances mondaines. [97] C'est la sphère de Zodiaque et de ses "maisons". [98] Ce sont le Trône ( al-arsh ) et le " falak al-manàzil ". [99] Ce terme est employé dans ce texte, nous semble-t-il, en tant que synonyme de " al-'arsh " (le Trône divin). [100] Nous voyons que ce terme est aussi employé en tant que synonyme du " fa lak al-manâzil '.' C'est la sphère des fixes. [101] Littéralement; pour réciter ce qui fait une partie du Coran. [102] Coran, VI/40. [103] Tartib al-fawâ'id ; problème de savoir s'il faut ou non faire la prière qui n'a pas été faite. [104] Salâm : salut que l'on fait de chaque côté à la fin de la prière. [105] Oraison que l'on récite dans la prière, â terre. [106] Coran, XX/105-106. [107] Sirr : secret, mystère. En soufisme, al-sirr désigne le centre intime et ineffable de la conscience, le "point de contact" entre l'individu et son principe divin. Burckhardt, op, cit. p. 181. [108] Le mot arabe que Blachère traduit par "chaos", c'est la ratq , lequel est expliqué par Kazimirski dans son Dictionnaire Arabe-Français (Beyrouth, t. 2), de la façon suivante: " Ratq - qui est soudé ou ne forme qu'une pièce". De même, il traduit à titre d'exemple le verset en question:" (le ciel et la terre) étaient tout d'une venue et comme soudés, et Nous les avons dessoudés, séparés'. [109] Coran XXI/30. [110] Le ciel et la terre. [111] Le monde de la souveraineté et le monde de la corruption. [112] Terme coranique, XXI/30. [113] "La vivification des sciences de la Religion ", titre d'un ouvrage d'Al-Ghazzali. [114] "L'alchimie de la béatitude", titre d'un ouvrage d'Al-Ghazzali, synonyme de " al-kimyâ al-ruhaniyah " (l'alchimie spirituelle). [115] Les vérités [116] Coran, XXXVII/158 [117] Coran, VII/57 [118] Coran, XXXI/28.. [119] Riyàda ; "mortifier l'âme dans l'arène de la conformité à une règle de vie ( ri'aya )." Comme un cheval que l'on dompte ( râda ), ainsi l'âme, source de tout mal, est domptée par des exercices de mortification. Parmi ces exercices. Kharrâz mentionne spécialement le jeûne et le silence continu. Nwiya (P.), op. cit. p. 305. [120] Il s'agit de la mujahadât al-nafs , la lutte contre l'âme. [121] Hadith [122] Shahàdah : témoignage, en particulière le témoignage qu'il n'y a pas de divinité, si ce n'est la Divinité ". [123] Riyada ; voir note 119 [124] Littéralement, inattentif, distrait. [125] Dajjal (Antéchrist): Une bête féroce, d'après la croyance, qui apparaîtra vers la fin du monde. Elle est grosse et borgne. Elle parcourra le monde et trompera l'homme. Enfin, elle sera tuée par Jésus Christ ou Mahdi . [126] Dàbbat al-arl : une créature qui apparaîtra aux derniers jours. Sa taille dépasse cent mètres et chacun de ses membres ressemble à celui des animaux. Elle tient à la main la Canne de Moise. Elle peindra en blanc les visages de ceux qui croient en Dieu et en noir, les visages de ceux qui ne croient pas en Lui. [127] Mahdi : Le sens grammatical est celui qui indique le chemin. Il est dit dans une Tradition (hadith) que, "à l'approche de la fin du monde, un individu, nommé Mahdi, invitera tout le monde à la vérité." On ne sait pas exactement qui est Mahdi. D'après les shiites il est Mohammad, fils d'Ali, ou il est leur XIIème imam dont ils attendent le retour. Pour certains il est Jésus Christ qui descendra du ciel vers la fin du monde. Wali est vicaire, de Mahdï ; dès qu'il arrivera, la mission de Walî prendra fin. [128] Coran, LXXXV/20. [129] Coran, VII/96. [130] Le manuscrit (a) que nous avons choisi parmi des autres comme le texte cardinal se termine ici. C'est la raison pour laquelle nous avons arrêté le traduire.
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